Les onze membres de la commission -deux sont excusés pour raisons de santé - présidée par le Suisse Patrick Baumann sont arrivés sur les coups de 15h à Paris, et débuteront en effet leurs travaux quelques heures avant la passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron.
Ce choc des agendas ne devrait pas empêcher une rencontre formelle entre les émissaires du CIO et le président élu, mais ce dernier a pris les devants, téléphonant dès jeudi à Thomas Bach, patron de l'institution olympique, pour l'assurer de son "soutien plein et entier à la candidature de Paris".
Sur le terrain, les promoteurs de la candidature devront se débrouiller sans le chef de l'Etat pour montrer aux visiteurs la capitale sous son meilleur jour. Lors de l'oral dominical, ils insisteront sur les vertus annoncées d'un projet qui, dès sa gestation, a mis l'accent sur l'héritage.
Avec seulement une piscine et un Village olympique à construire, la rénovation de son système de transport planifiée pour 2022, Paris se dit équipée à 95%. Ce n'est donc pas dans le dur que résiderait l'essentiel des retombées des JO-2024 mais dans l'immatériel; les progrès environnementaux et sociaux, notamment en profitant de l'élan olympique pour étendre la pratique sportive vers des publics aujourd'hui moins concernés comme les femmes, les seniors ou les handicapés.
Jeux du renouveau pour la banlieue nord
La candidature française se présente également comme celle du développement durable avec les cautions du WWF et du prix Nobel de la Paix Mohamed Yunus, chantre de l'économie sociale et solidaire, et la promesse de réduire son empreinte carbone de 55% par rapport aux JO-2012 de Londres.
Enfin, avec Paris pour centre, les Jeux bénéficieraient essentiellement, en terme de richesse et d'emploi, à la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine, où seraient disputées la plupart des épreuves et où serait construit le Village, transformé ensuite en logements sociaux.
"On veut montrer comment on va développer la pratique du sport dans ce pays, comment les Jeux vont servir d'effet de levier pour montrer le pouvoir qu'a le sport de jouer un rôle social, écologique, fédérateur. Montrer à quel point tout ce pan-là du sport n'a pas été jusqu'à présent optimisé grâce aux Jeux", s'enflamme Tony Estanguet, co-président du comité de candidature.
Le lendemain, lundi, la commission d'évaluation parcourra, en bus, tous les sites de la région parisienne, de la base nautique de Vaires-sur-Marne au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, en s'attardant bien entendu sur le noyau dur, cet épicentre de 10 km maximum autour du Village olympique où seront disputés 22 sports.
Le sport au coeur de Paris
"C'est un projet incroyable, avec des sites sportifs qui vont au-delà des stades, des lieux iconiques comme les Champs Élysées, la Tour Eiffel, les Invalides, le Champ de Mars, le Grand Palais. Le meilleur de Paris qui s'offre aux jeux Olympiques", s'enthousiasme Tony Estanguet dont les équipes ont chiffré à 6,2 milliards d'euros le coût des Jeux (3 mds pour les infrastructures, 3,2 milliards d'euros pour l'organisation des Jeux - dont 1,8 versés par le CIO). Los Angeles table de son côté sur 5,3 mds de dollars (4,8 mds EUR).
Grâce à ces symboles du coeur de Paris transformés en sites olympiques et à la proximité de stades plus conventionnels comme Bercy, Roland-Garros ou le stade de France, Paris offrirait des jeux compacts et se transformerait en parc olympique géant, "avec des zones de célébrations du Champ de Mars à la Villette, en passant par la Bastille", reprend Bernard Lapasset, alter ego d'Estanguet à la tête de Paris-2024. Une rupture avec les traditionnels "clusters" concentrant un maximum d'événements très loin des centre-villes.
Il y a douze ans, Paris, alors candidate à l'organisation des JO-2012 avait brillamment réussi l'oral devant la commission d'évaluation présidée alors par la Marocaine Nawal El Moutawakel, encore membre de la commission de cette année que dirige le Suisse Patrick Baumann. Paris-2012 avait obtenu une appréciation technique brillante, meilleure que celle de Londres qui l'avait finalement devancée lors du vote du CIO.
"On sait que ce ne sera pas suffisant. Derrière, la route va être longue, avec l'oral de Lausanne (en juillet) et (le vote) de Lima (le 13 septembre)", estime Estanguet. "Mais on se rapproche du but. On est à quelques mois de l'échéance ultime, et l'étape de ce week-end, il ne faut pas la rater."
Tout, jusqu'au nouveau président de la République, est prêt à Paris pour la réussir.
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