Surnommé le "capitaine couard" par les médias pour avoir quitté son navire en pleine opération de sauvetage, il avait été condamné en février 2015 à 16 ans de prison ferme pour homicides, abandon de navire et naufrage, une peine confirmée en appel en mai 2016.
Selon son avocat, Me Saverio Senese, le Napolitain de 56 ans a attendu la décision seul et dans la discrétion, près de la prison romaine de Rebbibia: "Il a dit: +Je crois en la justice, les décisions doivent être respectées, je vais me constituer prisonnier+".
"Il y a de l'amertume parce qu'il est le seul à payer. Comme toujours en Italie, il n'y a que les boucs émissaires qui paient", a-t-il ajouté, en n'excluant pas de saisir la justice européenne.
Au soir du 13 janvier 2012, le Costa Concordia, un navire de croisière deux fois plus gros que le Titanic, avait heurté un rocher alors qu'il naviguait trop près des côtes de l'île du Giglio, au large de la Toscane.
Il s'était alors échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île, avec à son bord 4.229 passagers et membres du personnel. Le drame a fait 32 morts, dont un qui n'a jamais été retrouvé.
La justice reproche à M. Schettino d'avoir effectué une manoeuvre hasardeuse pour "saluer" l'île du Giglio, puis d'avoir attendu une heure avant de sonner l'alarme malgré le trou béant dans la coque, laissant le navire pencher au point de rendre la moitié des chaloupes inutilisables.
Et enfin d'avoir lui-même emprunté une chaloupe alors qu'il restait probablement encore 2.000 personnes à bord. "Remontez à bord, bordel de merde!", lui avait lancé dans la nuit un responsable des gardes-côtes. L'enregistrement de cet échange a fait le tour du monde.
"Force de gravité"
En une nuit, le capitaine bronzé et gominé qui aimait faire monter de jolies femmes sur la passerelle est devenu l'un des hommes les plus raillés de la planète. Et l'un des plus détestés dans son pays, qui ne lui a pas pardonné la honte de ce géant des mers échoué, dans lequel certains ont vu une allégorie de l'Italie.
Devant les juges, Francesco Schettino s'est présenté en "coupable idéal", rappelant qu'il n'avait pas pris ses décisions seul et assurant que l'équipage n'était pas à la hauteur: ainsi le timonier indonésien, à la barre au moment du drame, n'a pas compris ses ordres et perdu de précieuses secondes.
Au terme de procédures négociées, la compagnie Costa a été condamnée à un million d'euros d'amende et cinq autres employés ont écopé de peines de 18 à 34 mois de prison. Le capitaine a été le seul à être jugé, sous le feu également de plus de 250 parties civiles.
Certes, il a accumulé les bourdes et les déclarations maladroites. En juillet 2014, il a ainsi donné une conférence à Rome sur la "gestion de la panique", arguant de l'expérience de ses années de navigation.
Et pendant son procès en première instance dans la salle de théâtre transformée en tribunal à Grosseto, en Toscane, il a assuré s'être retrouvé dans une chaloupe sous le seul effet de la "force de gravité".
En larmes devant les juges à la fin de son procès en première instance comme en appel, il avait raconté avoir été "haché menu" par les médias depuis le drame.
Mais après avoir publié un livre de 600 pages en 2015 ("Les vérités submergées"), l'ancien capitaine s'est plutôt fait oublier. Séparé de son épouse, il vivait seul avec un chien que lui avait offert sa fille, selon les médiats italiens.
Quant à la gigantesque épave restée en partie immergée pendant plus de deux ans devant l'île du Giglio, elle a été renflouée au prix d'un effort titanesque qui a coûté plus de 600 millions d'euros, puis conduite en juillet 2014 dans le port de Gênes, où elle a été démantelée.
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