Le directeur par intérim du FBI Andrew McCabe doit témoigner publiquement jeudi devant la puissante commission du Renseignement du Sénat, une des trois commissions enquêtant sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine.
Des élus des deux partis s'interrogent depuis mardi soir sur les motifs et le calendrier du limogeage. L'opposition soupçonne le président américain de vouloir entraver une enquête qui entache son nom et cible certains de ses proches.
Ces investigations, ouvertes l'été dernier, s'intéressent aux piratages russes contre le camp démocrate et à une éventuelle "coordination" entre des membres de l'équipe de campagne Trump et la Russie.
Le dirigeant américain dément toute collusion et a souligné, dans sa lettre à M. Comey, que le directeur lui avait dit qu'il n'était pas lui-même ciblé.
Malgré cette mention de l'affaire russe, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Huckabee Sanders a déclaré que le limogeage n'avait rien à voir avec la Russie et était due aux "atrocités" et aux "faux pas et erreurs" du directeur lors de l'enquête sur les emails de la candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton l'an dernier.
"Il envisageait de congédier le directeur Comey depuis le jour où il est entré en fonction", a-t-elle déclaré. "Le président ne lui faisait plus confiance depuis des mois".
Mercredi matin, Donald Trump a justifié ainsi sa décision: "Il ne faisait pas du bon travail, c'est très simple".
L'argument utilisé pour justifier le départ du patron du FBI, dont le mandat courait jusqu'en 2023, est étonnant.
Il lui est reproché d'avoir commenté publiquement l'affaire Clinton durant la campagne, contrairement à l'usage au FBI mais à la grande satisfaction, à l'époque, du candidat républicain. Pourquoi, demande en substance la Maison Blanche, les démocrates crient-ils au scandale, alors qu'ils avaient eux-mêmes dénoncé le comportement de M. Comey?
"Maintenant qu'il a été viré, ils prétendent être mécontents. Des hypocrites!", a tweeté Donald Trump.
Quant au revirement de M. Trump, sa porte-parole a expliqué qu'être candidat était différent d'être président.
Comey convoqué au Sénat
Entre MM. Trump et Comey, les divergences s'intensifiaient depuis des mois, a fortiori dans les derniers jours, alors que l'enquête du FBI s'accélérait, selon plusieurs médias.
En mars, le premier flic des Etats-Unis avait confirmé au Congrès l'existence de l'enquête sur une éventuelle "coordination" entre proches de Donald Trump et Moscou. Il avait contredit M. Trump sur la mise sur écoute de la Trump Tower par l'ex-président Barack Obama (2009-2017).
En outre, M. Comey aurait réclamé la semaine dernière au ministère de la Justice des moyens supplémentaires pour l'enquête de ses agents, selon des médias.
"Cela rendrait le calendrier du limogeage encore plus suspect", a déclaré Chuck Schumer, chef des démocrates du Sénat.
L'opposition démocrate réclame la nomination d'un procureur spécial pour superviser l'enquête, ce que la Maison Blanche a jugé "pas nécessaire".
Si de nombreux républicains soutiennent le président, plusieurs ténors ont exprimé leur embarras ou leur mécontentement, notamment John McCain ou le chef de la commission du Renseignement du Sénat, Richard Burr.
Le président doit désormais nommer un remplaçant, qui devra être confirmé par le Sénat, où la minorité démocrate devrait batailler dur.
En attendant, M. Comey a lui aussi été invité à s'expliquer mardi prochain, à huis clos, devant la commission du Renseignement.
Les sénateurs de cette commission ont en outre émis mercredi une assignation pour que l'ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, le général Michael Flynn, leur mette à disposition tous les documents qui pourraient les éclairer sur les liens éventuels de proches du président Trump avec Moscou.
M. Flynn avait été poussé à la démission le 13 février après la révélation de contacts répétés avec l'ambassadeur russe à Washington avant et après l'élection. La commission du Renseignement note qu'il lui a déjà été demandé de remettre ces documents, mais qu'il n'a pas obtempéré.
Du côté de Moscou, on prenait ses distances avec cette affaire: le limogeage du patron du FBI est "une affaire interne" américaine, a affirmé le Kremlin, disant "espérer que cela n'aura pas d'impact" sur les relations, aujourd'hui exécrables, entre les deux pays.
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