C'est la première scène de l'acte II pour l'ancien ministre parvenu à l'Elysée mais désormais soucieux de s'assurer la maîtrise de l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement, pour mettre en place son programme.
Jeudi, il lance donc la bataille des législatives (11-18 juin) qui devra être menée tambour battant par les postulants de la République en marche, le nouveau nom du parti.
Mais, le brouillard peine à se dissiper sur l'identité de ses soldats. Un contingent devait être lancé avant le premier tour de la présidentielle, puis un fort bataillon entre les deux tours.
En fait, seuls 14 noms sont pour l'instant connus et "environ 450" le seront jeudi après-midi, selon le président de la Commission d'investiture Jean-Paul Delevoye, alors qu'il était initialement promis de pourvoir l'ensemble des 577 circonscriptions d'ici à jeudi midi.
A huit jours de la fin du dépôt légal des candidatures en préfecture, le 19 mai, le temps presse. Mais un afflux de CV est arrivé dans la foulée de l'élection de M. Macron, parmi lesquels celui de l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls qui a annoncé mardi son intention de briguer l'investiture de La République en marche dans son fief de l'Essonne, en région parisienne. Son offre a jeté le trouble dans son camp qui menace de l'exclure et a parallèlement été fraîchement reçue par le mouvement de M. Macron.
Alors que le parti avait déjà passé en revue quelque 15.000 dossiers remplis en ligne depuis le 19 janvier et que la Commission semblait toucher au but, il faut "étudier cette nouvelle donne", selon un cadre.
"L'idée, contrairement à ce que l'on dit, n'est pas d'humilier ni de brutaliser ces candidatures", poursuit-il. "Au contraire, cela nous oblige à les analyser et à être prudent sur un certain nombre de circonscriptions".
La dizaine de membres de la Commission devra donc se pencher sur ces cas jeudi et vendredi, en tâchant de faire respecter les principes édictés par M. Macron: renouvellement, parité, probité, pluralité politique et accord avec le projet, en signant un +contrat avec la Nation+.
En attendant, la liste de jeudi devrait tout de même apporter son lot de réponses à des secrets bien gardés.
'Candidat, ça ne s'improvise pas'
On aura un aperçu du nombre de circonscriptions réservée au MoDem, le seul parti ayant bénéficié d'un accord d'appareil au nom de l'alliance conclue avec son président, le centriste François Bayrou, dès février, avec un volet législatif.
Alors qu'aucun député du parti de droite Les Républicains n'a officiellement rallié Emmanuel Macron, "quelques-uns" devraient aussi sortir du bois à cette occasion.
Les promesses d'investir au moins 50% de femmes, dans des circonscriptions gagnables, et 50% de membres de la société civile seront-elles respectées ?
En janvier, Emmanuel Macron avait dû se fendre d'un appel aux femmes pour les encourager à se lancer, au vu du faible nombre de candidatures. Le compte devrait désormais y être, assure-t-on désormais.
Cette semaine, Jean-Paul Delevoye avait aussi semé la confusion en affirmant que des "maires" ou "conseillers départementaux" pourraient être considérés comme issus de la société civile. Après mise au point, il s'agirait en réalité de n'exercer aucun mandat actuellement.
Pour ces plus inexpérimentés, la pression sera forte, même si le parti promet une aide sur mesure (formations accélérées, facilités de prêt...).
"Candidat, ça ne s'improvise pas", s'inquiète un soutien de M. Macron. "Tout cela est extrêmement fragile et balancer des candidats de la société civile, c'est un risque énorme, d'autant plus que le capital de voix de la présidentielle n'est pas énorme", poursuit-il.
Intransigeant sur ses critères de sélection, le président élu de 39 ans n'a-t-il pas aussi "surestimé la vague" qui doit porter ses candidats à l'Assemblée nationale, glisse un parlementaire socialiste.
Enfin, la réussite de l'exercice est cruciale pour la vie interne du jeune parti, bercé par l'euphorie de la présidentielle mais toujours en cours de structuration.
"Immanquablement, les investitures aux législatives vont créer des frustrations dans le mouvement", pressentait début janvier Emmanuel Macron.
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