"La haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) persiste, s'amplifie et s'ancre toujours aussi profondément dans notre société", estime SOS homophobie, qui a enregistré 1.575 témoignages de victimes en 2016, contre 1.318 en 2015, soit une augmentation de 19,5%.
Après une forte hausse liée aux débats houleux sur le mariage pour tous, et un pic de 3.517 signalements en 2013, les actes homophobes étaient retombés en 2015 à leur niveau de 2009, celui d'une persistance de "l'homophobie ordinaire" selon l'association.
Mais durant "la préparation de la présidentielle", notamment la primaire de la droite, "le discours conservateur, de haine, a été beaucoup repris dans les médias", ce qui a "stimulé" les propos discriminatoires, estime Joël Deumier, président de SOS homophobie, interrogé par l'AFP.
"Les arguments de la Manif pour tous ont été relayés par Sens commun", son émanation politique et l'un des principaux soutiens du candidat LR François Fillon, ce qui a "amplifié" leur diffusion dans "une partie de la droite", poursuit ce militant.
"A partir du moment où on alimente une réflexion sur les droits, on a des retours conservateurs d'une puissance considérable", a commenté Véronique Godet, la vice-présidente de SOS homophobie, pour qui la campagne électorale n'est toutefois qu'"un des éléments" qui a déclenché la parole homophobe.
L'ouverture du don du sang aux homosexuels en juillet ou le lancement en novembre d'une campagne de prévention du sida à destination de la communauté homosexuelle, qui montrait des hommes s'enlaçant, et que certaines mairies ont interdite, ont également servi de catalyseur, a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.
Internet, ce 'défouloir'
Interrogée par l'AFP, Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, a nié "tout propos, à l'écrit ou à l'oral, appelant à la haine". "Des propos conservateurs, oui, mais de haine, non", a ajouté Mme de la Rochère, pour qui le mouvement qui avait été en première ligne dans le combat contre le mariage homosexuel en France, "ne s'attaque pas aux personnes homosexuelles" mais à des "revendications de certaines associations LGBT".
"On n'est pas responsable de ce que font 66 millions de Français", a-t-elle lancé.
Internet, "cet espace d'expression qui échappe à la législation censée l'encadrer", a ensuite servi de "défouloir" pour les homophobes, pointe le rapport. 22,5% des témoignages surviennent sur la toile, principal "contexte" de l'homophobie devant la famille (15%) et les lieux publics (14%).
Alors que 2016 a constitué une année "historique" pour les transgenres français, qui ont vu la procédure de changement d'état civil considérablement allégée - des preuves de leur stérilisation étaient auparavant requises -, les signalements d'actes transphobes ont presque doublé, passant à 121 contre 63 en 2015.
"Le coup de projecteur sur la question a permis de délier les langues", observe Joël Deumier. Selon lui, "les personnes trans se perçoivent beaucoup plus comme des victimes" dans un contexte où leur "visibilité est plus forte" et elles ressentent les discriminations de manière "beaucoup plus choquante" et "intolérable".
Le profil type de la victime d'actes homophobes est un homme (57% des signalements) vivant hors d'Ile-de-France (64%) et qui a entre 25 et 50 ans (63%). 45% des témoignages dénonçaient des insultes. Dans 13% des cas, il y avait eu agression physique.
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