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Echaudés par la loi travail, les syndicats sur le qui-vive

A quelques jours de l'investiture d'Emmanuel Macron, les syndicats ont commencé à multiplier les mises en garde face à des réformes qui risquent, selon eux, de raviver la crise sociale née de la loi travail.

Echaudés par la loi travail, les syndicats sur le qui-vive
Manifestation du "Front social" à Paris, le 8 mai 2017, au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence - Lionel BONAVENTURE [AFP]

Parmi les mesures proposées par Emmanuel Macron, les syndicats s'inquiètent de la réforme du droit du travail par ordonnances. Ils évoquent également le référendum à l'initiative de l'employeur, le plafonnement des indemnités prud'homales ou l'étatisation de l'assurance chômage.

"S'il veut rassembler, il faut qu'il évite les clivages, il faut qu'il soit capable de modifier les choses, de réviser certaines annonces", a prévenu mardi Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

Après avoir appelé à voter pour le candidat d'En Marche ! et l'avoir félicité dès son élection dimanche, la CFDT, elle aussi, a mis en garde Emmanuel Macron mardi : "Monsieur le président, dans le contexte qui est le nôtre, vous devez le pressentir, vous ne bénéficierez d'aucun état de grâce", écrit son secrétaire général, Laurent Berger, dans une lettre ouverte publiée dans lemonde.fr.

Pour ce syndicat, qui a accompagné toutes les réformes sociales du quinquennat Hollande, y compris la très contestée loi travail, "une nouvelle réforme du code du travail", souhaitée par le futur président, "surtout si elle est menée sans concertation", ne peut pas être "une recette miracle".

Dans les esprits est encore vivace le spectre de la crise qui a accompagné le vote et la promulgation de la loi travail - la plus longue qu'ait connu un gouvernement de gauche.

Ce texte, présenté par certains (CGT, FO, Solidaires, FSU) comme "ultra libéral" et par d'autres comme un "progrès social (CFDT, CFTC) a fortement divisé les syndicats, la gauche et mis des dizaines de milliers de manifestants dans dans la rue en 2016.

'A la schlague'

Les syndicats qui l'ont soutenu ont fait "beaucoup de pédagogie pour expliquer pourquoi il fallait aller aussi loin, mais pas plus loin", souligne Philippe Louis, président de la CFTC.

"Si on bat en brèche toute cette pédagogie, on va avoir un peu de mal de se justifier auprès des troupes", s'inquiète-t-il.

Il invite donc l'équipe Macron à poursuivre l'application de la loi, rappelant qu'elle prévoit déjà la réécriture du code du travail, même si elle va "prendre un peu de temps". Publié au lendemain de l'élection du nouveau président, un rapport de France Stratégie, une entité rattachée à Matignon, préconise que cette réécriture se fasse en concertation avec les partenaires sociaux.

Car l'idée d'une réforme du code du travail par ordonnances passe mal, après les recours pour la loi travail à l'article 49-3, permettant l'adoption sans vote au Parlement.

"Je ne vois pas quelle est l'organisation syndicale, quelle qu'elle soit aujourd'hui, sans parler du fond, qui peut accepter que ça passe à la schlague avec des ordonnances", a dit M. Mailly.

Autre point d'inquiétude, le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, hormis les cas de discrimination, de harcèlement.

C'est un casus belli pour tous les syndicats: il y a un an, face à la bronca syndicale, le gouvernement avait dû abandonner cette mesure, initialement prévue dans la loi travail, et que la loi Macron avait tenté de mettre en place, avant d'être retoquée par le conseil constitutionnel.

Avec le plafonnement, "on règle la conséquence (du licenciement), sans régler la cause", souligne François Hommeril, président de la CFE-CGC. Pour lui, M. Macron doit "prendre de la hauteur pour rassembler l'ensemble des forces vives du pays".

La CGT quant à elle prévoit de s'exprimer de manière "plus approfondie" mercredi, après avoir prévenu dimanche qu'elle oeuvrera "par la mobilisation sociale", pour "rompre avec les politiques libérales".

Très remontée, une partie de la base composée de syndicats Sud, CGT et Unef, qui n'a jamais digéré la fin de la bataille contre la loi travail, a d'ores et déjà voulu montrer que M. Macron devait compter avec elle, en organisant la première manifestation du quinquennat à Paris lundi.

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