Jusqu'à ce qu'il suscite la colère avec ses propos jugés antimusulmans, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, était crédité d'une bonne cote de popularité grâce à cette détermination affichée à lutter contre les bouchons et la pollution à Jakarta.
Son franc-parler et son attitude combative faisaient de lui un ovni politique, dans ce pays où les politiciens adoptent un ton habituellement plus discret.
Mais cet homme de haute taille, au regard direct souligné par de fines lunettes, avait réussi à convaincre largement de sa capacité d'action, grâce à ses projets pour Jakarta.
Premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, il avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo dont il était alors l'adjoint.
Les deux hommes avaient fait connaissance après l'élection de Ahok au Parlement national en 2009, cinq ans seulement après l'entrée en politique de cet héritier d'une famille riche de l'île de Belitung, dans l'ouest de l'Indonésie.
Autre atout qu'avait ce politicien: sa dénonciation de la corruption, endémique dans le pays, alors que l'influent poste de gouverneur de la capitale de 10 millions d'habitants est considéré comme un tremplin pour la présidentielle de 2019.
Sous le mandat de ce géologue de formation devenu homme d'affaires, les nids-de-poule ont disparu, les trottoirs ont été réparés, des places de parking ont été créées et les voies d'eau assainies.
Mesures moins populaires
D'autres décisions, comme celles d'évincer des habitants pauvres habitant en bord de rivière, dans le cadre de cette même politique, ont causé une certaine colère.
Mais jusqu'à la controverse sur le blasphème, son engagement et sa franchise en faisaient le favori à sa propre succession.
Aleksius Jemadu, politologue de l'université de Pelita Harapan, près de Jakarta, salue "l'attitude courageuse" de Purnama.
"Ahok est une figure rare, il est sans peur", souligne-t-il pour expliquer sa popularité.
Mais son franc-parler est aussi ce qui aura causé sa chute: Ahok avait déclaré en septembre devant un groupe de pêcheurs que l'interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d'un verset du Coran -selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman- était erronée, provoquant une vague de contestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est où toute référence à l'islam est très sensible.
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