Cette décision surprise dans une affaire où le parquet avait requis deux années de mise à l'épreuve a été saluée à l'extérieur du tribunal par des musulmans conservateurs scandant: "Dieu est le plus grand!".
Le juge Dwiarso Budi Santiarto a déclaré que les cinq magistrats du tribunal avaient estimé que Basuki Tjahaja Purnama était "de façon probante, coupable de blasphème" et l'ont "condamné à deux ans de prison".
Il a également ordonné l'incarcération de celui qui est surnommé Ahok, qui a été battu en avril aux élections mais reste encore en poste jusqu'en octobre.
"Nous ferons appel", a toutefois répliqué le prévenu.
Connu pour son franc-parler, Ahok avait déclaré en septembre que l'interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d'un verset du Coran, selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman, était erronée, provoquant une vague de contestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est où toute référence à l'islam est très sensible.
Cette déclaration avait été instrumentalisée par des islamistes partisans d'une ligne dure, des experts dénonçant des motivations politiques.
Sous la pression et les appels à l'emprisonner, le gouverneur a été inculpé fin 2016 de blasphème, délit pour lequel il était passible de cinq ans de prison.
'Colère des musulmans'
Cette affaire avait plané sur la campagne électorale et le scrutin pour le renouvellement de son poste de gouverneur. Mi-avril, le gouverneur, qui caracolait naguère en tête des sondages, a finalement été battu par l'ancien ministre de l'Education, le musulman Anies Baswedan.
Ahok, premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l'élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l'adjoint.
L'influent poste de gouverneur de la capitale de 10 millions d'habitants est considéré comme un tremplin pour l'élection présidentielle de 2019.
Mi-avril, le procureur en chef, Ali Mukartono, avait requis deux années de mise à l'épreuve en estimant que le délit de blasphème était caractérisé, et que le prévenu avait exprimé "de l'hostilité, de la haine ou de l'humiliation à l'égard d'une partie de la population indonésienne", musulmane à près de 90%.
Mardi, un des juges du tribunal, Abdul Rosyad, a justifié la sévérité du verdict par le fait que le prévenu ne ressente "aucune culpabilité" et qu'il ait "suscité la colère et blessé les musulmans".
Le procès avait débuté en décembre et duré de longs mois, chaque camp appelant plus d'une quarantaine de témoins à la barre.
M. Purnama avait accusé le ministère public de faire témoigner des personnes qui n'étaient même pas présentes au moment des faits.
L'affaire a mis en lumière l'influence croissante de musulmans conservateurs partisans d'une ligne dure dans ce pays de 255 millions d'habitants pratiquant en grande majorité une forme d'islam modéré.
Des islamistes radicaux ont organisé ces derniers mois des manifestations de masse contre le gouverneur.
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