Deux groupes de personnes, qui ne voyaient pas les instruments joués, ont participé à ces tests des deux côtés de l'Atlantique, a expliqué l'équipe scientifique franco-américaine, dont les conclusions ont été publiées lundi dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).
Les dix violonistes avaient les yeux bandés.
Résultat: les auditeurs ont préféré le son produit par les instruments modernes --moins de dix ans--, en fonction du critère dit de "projection sonore".
"Il s'agit d'un son riche, puissant et clair qui remplit la salle et passe au-dessus de l'orchestre", a expliqué Claudia Fritz, du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), qui a travaillé pour cette étude avec le luthier américain Joseph Curtin.
"C'est la première fois qu'un tel test est fait de manière scientifique, en aveugle, (...) et de manière précise (...) pour mesurer les différentes perceptions", a-t-elle relevé auprès de l'AFP.
Les projections des violons italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, et surtout celles des Stradivarius, sont souvent considérées comme supérieures à celles des instruments récents. Cette qualité est particulièrement importante pour les solistes.
A l'aveugle
Les chercheurs ont mené deux expériences avec 137 auditeurs, dont 55 dans un auditorium de 300 places près de Paris et 82 dans une salle de concert de 860 sièges à New York.
Les participants ont écouté des musiciens jouer sur trois violons modernes et trois Stradivarius. Les violonistes se sont produits avec et sans orchestre.
Qu'ils aient ou non une expérience musicale, les auditeurs ont préféré la sonorité des nouveaux violons et estimé qu'ils projetaient mieux que les Stradivarius, ont noté les chercheurs. La moyenne des réponses a été identique à Paris et à New York, a indiqué Mme Fritz.
Ni les violonistes, ni les auditeurs ne sont parvenus à distinguer systématiquement les Stradivarius des violons modernes.
Dans deux études menées en aveugle par la même équipe en 2010 et en 2012, les violonistes avaient eu une légère préférence pour les instruments récents.
L'étude publiée lundi suggère donc que les solistes auraient intérêt à privilégier les violons de fabrication moderne, à condition que la marque de leur instrument soit cachée au jury dans un concours et au public lors d'un concert.
Il faudrait aussi inciter les violonistes à choisir leur instrument à l'aveugle pour éviter qu'ils ne soient influencés par le prestige d'un célèbre luthier, ont pointé les chercheurs.
Des 1.100 instruments, violoncelles, basses, cistres, violes, altos et violons sortis de l'atelier du luthier italien au cours de ses soixante-dix ans d'activité, il en resterait environ 650 aujourd'hui. Ils peuvent atteindre des millions de dollars.
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