Sous le slogan "Le peuple dit non à la dictature", les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) vont tenter, comme ils le font presque quotidiennement depuis le 1er avril, de rejoindre le centre de la capitale pour notifier leur décision au ministre de l'Education, Elias Jaua.
C'est lui qui préside la commission présidentielle chargée de préparer le processus en vue de l'adoption d'une nouvelle Constitution. L'opposition, qui a annoncé dimanche qu'elle ne se rendrait pas à la réunion convoquée lundi, entend lui remettre un courrier.
"Les portes sont ouvertes, en particulier aux porte-parole de la MUD (la coalition d'opposition), la voie, c'est le dialogue", a fait savoir Elias Jaua, en ouvrant la réunion avec les partis politiques.
Vêtus de blanc, leur couleur de ralliement, de petits groupes de manifestants commençaient à se réunir dans l'est de la ville à la mi-journée. Comme chaque jour de défilé, une trentaine de stations de métro étaient fermées.
"Il faut se maintenir dans la rue car c'est la seule façon de nous défaire de cette bande de communistes, parce que nous voulons vivre en démocratie. La constituante est une clownerie, ils sont en train de fuir les élections et de chercher le moyen de se maintenir au pouvoir", a déclaré à l'AFP Jorge Gonzalez, un architecte de 63 ans, sur la place Altamira (est).
A l'image des précédentes marches qui ont tenté de rejoindre des lieux de pouvoir, le cortège devrait rapidement être stoppé par les forces de l'ordre, faisant craindre de nouvelles violences. Au gaz lacrymogène utilisé pour les disperser, une partie des manifestants répond par des pierres et des cocktails Molotov.
'La vraie démocratie, directe'
"Nicolas Maduro ne va pas escroquer le peuple vénézuélien avec une constituante sur mesure", a déclaré Julio Borges, le président du Parlement, seule institution publique contrôlée par les antichavistes. Il a réitéré son appel à manifester contre "la supercherie constitutionnelle".
Dans cet interminable bras de fer, le gouvernement a également mobilisé ses partisans pour défiler en "défense de la constituante", avec laquelle il assure vouloir renforcer la Constitution de 1999, mise en place par Hugo Chavez.
Plus de 70% des Vénézuéliens rejettent le gouvernement de M. Maduro, selon des sondages, lassés par les pénuries de produits alimentaires, de médicaments et une très forte inflation, attendue à 720% fin 2017 par le FMI.
"Le gouvernement sait qu'il n'est soutenu que par une une minorité de la population (...) Une constituante lui permet de paralyser tous les processus électoraux en cours, de destituer les pouvoirs qui font trop de bruit, à commencer par l'Assemblée nationale", a jugé l'analyste Luis Vicente Leon.
Selon M. Maduro, la moitié des 500 membres de cette assemblée constituante seront désignés par des groupes sociaux (syndicats, retraités, minorités sexuelles, etc.), les autres seront élus selon un découpage par circonscription municipale. Plusieurs analystes redoutent qu'il place ainsi nombre de ses partisans.
Après une série de réunions avec les différents pans de la société, le chef de l'Etat doit présenter aux autorités électorales le processus de désignation des futurs membres de la "constituante populaire", qui, selon lui, "est en rupture avec les schémas de la démocratie formelle et bourgeoise".
"Je suis en train de convoquer la vraie démocratie, directe, peu importe que ça déplaise", a lancé dimanche le dirigeant socialiste.
Certains analystes, comme Luis Salamanca, mettent en garde contre le risque pour l'opposition de laisser le champ libre au gouvernement en vue de modifier la Constitution, tandis que d'autres, tel Luis Vicente Leon, estiment que "toute participation de l'opposition ne ferait que valider un processus évident de rupture démocratique au Venezuela".
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