"Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d'argent et ils dépensent au mauvais endroit", a déclaré à la presse à Berlin M. Juncker, au lendemain même de l'élection du centriste à la présidence française.
"Les Français consacrent entre 53% et 57% de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette, cela ne peut pas fonctionner dans la durée", a ajouté M. Juncker.
Il a estimé que le futur chef de l'Etat français ne pourrait pas compter à sens unique sur la mansuétude de ses partenaires européens sur ces questions. "Il appartient aussi aux Français de faire un geste en direction des autres" en faisant les réformes nécessaires, a-t-il dit.
Ces propos surviennent alors que la Commission doit publier jeudi ses prévisions économiques de printemps pour les pays de l'UE, suivies le 17 mai de recommandations. Or la France est sous pression pour respecter enfin les règles européennes, selon lesquelles les déficits publics doivent être en dessous des 3% du PIB.
Le président élu français a prévu dans son programme une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros en cinq ans, passant entre autres par la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires.
Mais il a dans le même temps appelé l'Europe à se réformer et entend promouvoir des investissements dans l'UE.
Les conservateurs et sociaux-démocrates au sein du gouvernement de coalition de la chancelière Angela Merkel paraissent divisés sur l'attitude à adopter face aux projets européens du président élu français.
Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, un social-démocrate, milite pour qu'Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble mettent en sourdine leur orthodoxie budgétaire afin de donner une marge de manoeuvre à Emmanuel Macron.
Il a concrètement plaidé pour la création d'un Fonds d'investissement franco-allemand en faveur de la croissance, dont il entend donner les contours "dans les prochains jours".
"Nous devons à présent tout faire pour que la politique d'Emmanuel Macron réussisse en France et en Europe, car si ce n'est pas le cas Madame Le Pen est assez jeune pour se représenter dans cinq ans", a-t-il encore mis en garde lundi à Berlin.
"J'ai demandé un jour à la chancelière ce qui était plus coûteux, un déficit de 0,5% plus élevé que prévu en France ou Madame Le Pen" présidente, a-t-il dit.
Ce projet risque toutefois de rencontrer de fortes résistances de la part de la chancelière et de ses ministres conservateurs. "La politique européenne de l'Allemagne est définie par l'ensemble du gouvernement", a lancé lundi le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, en réponse à l'initiative de M. Gabriel.
Jean-Claude Juncker, venu à Berlin pour la présentation d'un livre de Sigmar Gabriel, s'est par ailleurs dit réservé sur le projet d'Emmanuel Macron d'instituer un ministre des Finances de la zone euro.
"Cela annonce une gestation très difficile car tous les Etats de la zone euro ne sont pas d'accord que quelqu'un soit assis à Bruxelles ou ailleurs et décide, au-dessus des Parlements nationaux, de la manière dont les budgets doivent être faits", a prévenu M. Juncker.
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