Plusieurs dirigeants de l'opposition avaient déjà rejeté l'initiative de M. Maduro de convoquer une assemblée constituante "populaire". Mais ce refus a été confirmé et formalisé dimanche par la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition, qui a annoncé qu'elle ne participerait pas au processus et appellerait ses partisans à le boycotter.
"Nous ne pouvons pas participer à un processus illégal", a déclaré Henrique Capriles, ancien candidat à l'élection présidentielle et principal dirigeant de l'opposition.
'Acte de force'
"Il existe une Constitution et le gouvernement ne peut pas l'abroger par un acte de force", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue à Caracas avec d'autres responsables de la MUD.
La coalition considère comme illégales les modalités prévues par M. Maduro pour l'élection des futurs membres de l'assemblée constituante. Une partie d'entre eux ne seraient pas désignés au suffrage universel, mais dans des consultations organisées séparément dans divers secteurs de la société.
Pour M. Capriles, M. Maduro tente ainsi d'échapper à la convocation d'élections au suffrage universel qu'il perdrait. Selon des sondages, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent qu'il quitte le pouvoir. Le pays vit une grave crise politique et économique, durement frappé par les pénuries de produits alimentaires et de médicaments et par une très forte inflation.
M. Capriles a indiqué que l'opposition ne se rendrait pas lundi à une réunion sur la constituante convoquée au palais présidentiel de Miraflores par Elias Jaua, ministre de l'Education et président de la commission présidentielle chargée de préparer le processus.
Au lieu d'assister à cette réunion, les opposants tenteront de marcher jusqu'au ministère de l'Education, dans le centre de Caracas, pour exprimer leur refus. Tous ces derniers jours, les rassemblements de l'opposition ne sont pas parvenus à entrer dans le centre de la capitale en raison d'importants déploiements des forces de sécurité.
Le projet d'assemblée constituante soulève également de fortes critiques à l'étranger. Le Mexique, l'Espagne, les Etats-Unis et le Brésil estiment qu'un tel processus de modification de la Constitution requiert le suffrage universel.
Le Chili considère que l'initiative de M. Maduro aggrave la crise, et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, l'a qualifiée d'"illégale".
Mais M. Maduro a affirmé dimanche qu'il n'avait pas d'autre option que de convoquer une assemblée constituante pour faire face, selon lui, à une "insurrection armée" de l'opposition visant à le chasser du pouvoir.
Depuis le début de la vague de manifestations pour des élections anticipées qui a commencé le 1er avril, 36 personnes ont été tuées et des centaines blessées, et des centaines d'arrestations ont eu lieu.
La conférence épiscopale vénézuélienne a déploré samedi "le caractère répressif" du gouvernement, qui s'exprime par "l'étouffement de la légitime protestation" de l'opposition "avec une violence excessive et inhumaine, générée par les organes de sécurité de l'Etat et par les groupes armés appelés 'colectivos'", pilotés par le pouvoir selon l'opposition.
Nouvelles manifestations
L'opposition a annoncé dimanche qu'elle prévoit de poursuivre un programme intensif de manifestations pour obtenir des élections et l'arrêt de la répression.
Depuis une cellule de prison, Leopoldo Lopez, un des principaux dirigeants de l'opposition, s'est déclaré "fier" des manifestations actuelles et a appelé la MUD à maintenir sa "fermeté", selon son épouse Liliana Tintori, qui a pu lui rendre visite pour la première fois depuis 35 jours.
M. Lopez purge dans une prison de la banlieue de Caracas une peine de 14 ans de prison pour son rôle dans une autre vague de manifestations en 2014, lors de laquelle 43 personnes avaient été tuées.
Un député, Stalin Gonzalez, a annoncé que l'opposition organiserait mardi des assemblées citoyennes lors desquelles seront expliqués les aspects jugés illégaux de la future assemblée constituante.
Mercredi, l'opposition prévoit un défilé jusqu'au Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême), jeudi la MUD exposera sa feuille de route pour les semaines à venir, et vendredi elle organisera une marche des grands-parents pour protester contre le pouvoir, a indiqué le même député.
Dimanche, ce sont un millier de musiciens et d'artistes qui ont défilé à Caracas pour rendre hommage aux victimes de la répression.
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