Et la tension ne devrait pas baisser dimanche, avec un nouveau rassemblement prévu dans la capitale: des musiciens et des artistes doivent défiler dans l'est de Caracas pour rendre hommage aux victimes.
Emmenées par des députées, les manifestantes hostiles au président socialiste ont tenté de défiler samedi jusqu'au siège du ministère de l'Intérieur et de la Justice mais ont été stoppées par un cordon de militaires appuyés par des policiers, a constaté un journaliste de l'AFP.
Vêtues de blanc, elles tenaient à la main des fleurs ou des pancartes condamnant la répression contre les opposants au Venezuela, où les violences ont fait 36 morts depuis le 1er avril.
En signe de protestation, plusieurs femmes ont dénudé leur poitrine devant les militaires. "Nous n'avons pas d'armes, nos armes sont nos seins", criaient-elles.
'Dictature'
"La dictature vit ses derniers jours et Maduro le sait, c'est pourquoi il y a ce niveau inédit de répression", a déclaré à l'AFP Maria Corina Machado, une responsable de l'opposition.
La vice-ministre de l'Intérieur et de la Justice, Rosaura Navas, s'est rendue près du barrage établi par les forces de sécurité et a écouté les revendications des parlementaires.
Ces dernières ont réitéré l'exigence d'élections générales et de l'arrêt de la répression contre les rassemblements de l'opposition.
La vice-ministre a écouté les opposantes pendant plusieurs minutes avant de se retirer. Les manifestantes se sont ensuite dispersées sans incident.
Plusieurs stations de métro de la capitale avaient été fermées, et la présence des forces de l'ordre était importante sur les artères stratégiques.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes, comme à San Cristobal, dans l'ouest, et à Aragua, dans le nord, où la police a dispersé le défilé avec des gaz lacrymogènes.
'Nous défendons la révolution'
Parallèlement, des milliers de femmes favorables au pouvoir, vêtues de rouge, ont marché jusqu'au siège de la Défense populaire, dans le centre de Caracas. "Nous défendons Nicolas (Maduro) et la révolution", a lancé l'une d'elles, Zulei Romero.
"Nous sommes venues demander que justice soit faite contre ceux qui encouragent la haine et la rage (...) et qui veulent créer les conditions d'une guerre civile", a déclaré aux journalistes Blanca Eekhout, la ministre de la Femme.
Cette mobilisation des femmes des deux camps s'est déroulée sur fond de tensions toujours très fortes au Venezuela.
Dans ce pays en profonde crise politique et économique, les opposants défilent presque chaque jour depuis le 1er avril pour exiger le départ de M. Maduro avant la fin de son mandat en décembre 2018.
Sept Vénézuéliens sur dix souhaitent qu'il quitte immédiatement ses fonctions, d'après un sondage Venebarometro.
Le bilan de cette vague de manifestations, qui survient dans un contexte de chute des cours de pétrole dont le Venezuela est un gros producteur, est le plus lourd depuis les marches de 2014 (43 morts officiellement).
Ruiné, ce pays souffre d'une grave pénurie d'aliments et de médicaments ainsi que d'une inflation galopante, attendue à 720% fin 2017 par le FMI.
L'opposition a pour principal objectif d'obtenir des élections anticipées. M. Maduro s'y refuse. Sa dernière initiative a été de présenter mercredi un décret convoquant une assemblée constituante chargée de réviser la Constitution de 1999.
Le président dit vouloir ainsi "réconcilier" le pays. Ses adversaires y voient plutôt une manoeuvre pour repousser les élections et s'accrocher coûte que coûte au pouvoir.
'Violence excessive'
L'Eglise catholique vénézuélienne s'est elle aussi prononcée samedi contre cette initiative de M. Maduro, qu'elle juge "dangereuse pour la démocratie".
La convocation d'une assemblée constituante "a été perçue par l'immense majorité de la population comme une initiative éloignée des besoins urgents du pays et comme un pas supplémentaire dans le processus pour saper l'état de droit", a déclaré dans un communiqué la conférence épiscopale vénézuélienne.
Dans le même document, elle a critiqué "l'étouffement de la légitime protestation" de l'opposition "avec une violence excessive et inhumaine générée par les organes de sécurité de l'Etat et par les groupes armés appelés 'colectivos'".
Ces groupes armés qui interviennent contre des manifestations sont organisés par le pouvoir, selon l'opposition.
La conférence épiscopale a également déclaré avoir reçu une lettre du pape François dans laquelle il se déclare inquiet devant "les morts, les blessés et les personnes arrêtées" lors des manifestations.
Le pape a lancé un appel "pour que l'on évite toute nouvelle violence, pour que les droits de l'Homme soient respectés et pour que l'on recherche des solutions négociées à la grave crise" que vit le pays, selon la même source.
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