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L'abrogation d'"Obamacare" franchit un cap au Congrès, succès pour Trump

Le président américain Donald Trump a pris jeudi sa revanche au Congrès, avec l'adoption de justesse par la Chambre des représentants, à majorité républicaine, d'un texte d'abrogation de la loi emblématique de Barack Obama sur la santé.

L'abrogation d'"Obamacare" franchit un cap au Congrès, succès pour Trump
Donald Trump, le 4 mai 2017 à la Maison Blanche - Mandel NGAN [AFP]

Il efface ainsi son échec du 24 mars quand, faute de consensus au sein de la majorité et malgré un forcing intense, les républicains avaient été forcés de retirer une première version du texte quelques heures seulement avant le vote.

"Cette loi est la concrétisation de la promesse que nous avons faite aux Américains", a déclaré le président de la Chambre, Paul Ryan, en qualifiant Obamacare, adoptée en 2010, d'"expérience ratée".

"Nombre d'entre nous attendions ce jour depuis sept ans", a-t-il dit, en adressant des remerciements appuyés au président Donald Trump pour son implication.

Celui-ci a d'ailleurs annoncé sur Twitter une "grande conférence de presse" à la Maison Blanche en cas de victoire.

Grande promesse de campagne, l'abrogation d'Obamacare devait être la première grande loi de l'ère Trump, qui compte à ce jour peu de succès.

"Si nous adoptons cette loi, des gens vont mourir", avait au contraire prévenu peu avant le vote le démocrate John Conyers.

Le vote final, très serré, illustre l'aspect controversé du texte: 217 voix contre 213. Les 193 démocrates et 20 républicains ont voté non. L'annonce des résultats a été saluée par une ovation des élus républicains.

Mais l'affaire est loin d'être gagnée, car le débat se déplace désormais à la chambre haute du Congrès, le Sénat, où la loi est considérée comme inacceptable en l'état y compris par plusieurs sénateurs républicains.

La loi "doit être examinée avec prudence", a souligné le sénateur Lindsey Graham. Son collègue Bob Corker a prédit au moins un mois de débat, et une révision complète.

Sur le fond, la loi reviendrait sur plusieurs acquis d'Obamacare: les Américains ne seraient plus obligés de souscrire une assurance maladie; les financements publics à Medicaid, le programme d'assurance pour les plus modestes, seraient réduits; et la couverture minimum instaurée par Obamacare serait fortement allégée, à la discrétion des gouverneurs des 50 Etats fédérés, au risque de ne plus couvrir les personnes ayant des antécédents médicaux.

"Ils veulent revenir à l'ancien système, au Far West des Etats!", a dénoncé le démocrate Frank Pallone.

"La santé n'est pas un produit de consommation mais un droit universel", a affirmé la chef démocrate Nancy Pelosi, citant le pape François.

Bataille au Sénat

En mars, les républicains modérés s'étaient inquiétés de voir des millions d'Américains finir sans assurance à cause de cette réforme, qui réduirait les aides publiques et conduirait à une hausse des tarifs pour de nombreux Américains, surtout ceux proches de la retraite.

Mais des changements ultimes ont permis de ramener la plupart dans le camp du "oui". Les conservateurs du Freedom Caucus, qui avaient coulé la première mouture du texte en mars, ont cette fois soutenu le projet.

Qualifiant le plan de "Trumpcare", le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, a promis de bloquer un projet selon lui impopulaire, "nous ramenant à l'époque où les compagnies d'assurance pouvaient exclure les gens malades de l'assurance et pousser les Américains âgés à la faillite en leur facturant des prix exorbitants"

Aux Etats-Unis environ la moitié des personnes sont assurées par leur employeur, et ne seraient pas directement concernées par la réforme républicaine.

La cible est le marché "individuel", des millions de travailleurs ou de salariés de petites entreprises qui doivent acheter une assurance seul, sans appartenir à un groupe, et qui grâce à Obamacare avaient pu obtenir des aides substantielles.

Les républicains affirment que le marché individuel créé par Obamacare est dans une spirale infernale. Chaque année, de plus en plus d'assureurs se retirent de ce marché peu lucratif. C'est l'argument de Donald Trump: de toute façon, Obamacare s'écroulera sous son propre poids.

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