La participation était très faible en matinée: 4,13% à 10H00 locales (09H00 GMT), deux heures après le début du vote, selon le ministère de l'Intérieur. Un chiffre quasiment équivalent au taux mesuré lors des précédentes législatives en 2012 (4,11%).
L'abstention constitue une "hantise" pour les autorités, d'après le quotidien francophone El Watan, qui évoque "un désintérêt populaire manifeste à l'égard de ce scrutin".
Ces élections, dont les résultats doivent être annoncés vendredi, surviennent en plein marasme économique et social, l'Algérie -pays riche en hydrocarbures- traversant une crise financière en raison de la chute de ses revenus pétroliers.
La santé chancelante du président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, fait en outre régulièrement l'objet de spéculations.
Pour Nourredine Bekis, professeur en sociologie politique à l'université d'Alger, les Algériens, plus préoccupés par la santé du chef de l'Etat, sont "convaincus que des élections sans enjeu ne peuvent pas conduire à un changement" et que l'ordre politique établi ne sera pas bouleversé.
D'autant que l'Assemblée nationale est souvent perçue comme une chambre d'enregistrement. Elle ne dispose que de pouvoirs limités, le président étant à l'origine de l'essentiel des projets de loi.
"Le président concentre tous les pouvoirs. Les députés ne sont que des faire-valoir", estime M. Bekis.
M. Bouteflika, qui en est à son quatrième mandat depuis 1999, a voté jeudi en fauteuil roulant dans un quartier des hauteurs d'Alger, lors d'une rare apparition publique.
"Stabilité"
Dans les bureaux de vote d'Alger, les électeurs se succédaient au compte-gouttes jeudi matin.
"Seules 13 personnes ont voté sur un total de 262 inscrits, deux heures après le début du scrutin", indiquait la présidente d'un bureau installé dans l'enceinte du collège Pasteur, dans le centre de la capitale.
"J'ai voté pour la stabilité du pays", déclarait à l'AFP Bachir Amroun, 78 ans.
La campagne électorale a été peu suivie par les Algériens, dont certains ont semblé davantage se passionner pour la présidentielle en France, sur l'autre rive de la Méditerranée.
En raison de ce désintérêt, l'abstention risque d'être importante, comme lors des précédentes législatives. Le taux de participation n'avait atteint que 43,14% en 2012 et 35,65% en 2007, des chiffres déjà gonflés, selon des observateurs.
Pour conjurer le spectre d'une faible mobilisation, le gouvernement a tenté de motiver les électeurs avec la campagne "Samaa sawtek" ("Fais entendre ta voix", en arabe).
Dans un message lu en son nom samedi, le président Bouteflika a exhorté ses compatriotes à se rendre aux urnes afin de contribuer à la "stabilité du pays".
Et le Premier ministre Abdelmalek Sellal a multiplié les appels en faveur d'un "vote massif".
M. Sellal a également demandé aux Algériens à "faire preuve de patience" face aux difficultés provoquées par la chute des prix des hydrocarbures, qui contribuent pour 60% au budget de l'Etat. "Il n'y a plus d'argent", a-t-il résumé, alors que son gouvernement a été contraint d'augmenter les taxes et de renoncer à de nombreux investissements publics.
"Impartialité"
Le scrutin ne devrait pas remettre en question la domination des deux partis de l'Alliance présidentielle au pouvoir: le FLN (Front de libération nationale) du président Bouteflika, et son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du directeur de cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia.
Le FLN, qui domine le paysage politique algérien depuis l'indépendance en 1962, était arrivé en tête des législatives de 2012 avec 221 sièges, suivi du RND avec 70 sièges.
Après avoir essuyé un sérieux revers il y a cinq ans malgré la victoire de leurs "frères" en Tunisie, au Maroc et en Egypte, les islamistes espèrent rebondir.
Ils présentent deux coalitions et un nouveau parti présidé par un ex-ministre islamiste, farouche partisan du président Bouteflika.
Ces législatives sont en revanche boycottées par le nouveau parti de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, rival malheureux de M. Bouteflika à la présidentielle de 2014.
Contrairement aux précédents scrutins, une Haute instante indépendante de surveillance des élections (Hiise) a été instituée par la Constitution, amendée en février 2016. Son président Abdelouahab Derbal a multiplié les assurances quant à l'"intégrité" de l'élection, alors que le président Bouteflika a appelé l'administration à l'"impartialité".
Depuis l'instauration du multipartisme en 1989 en Algérie, l'opposition dénonce régulièrement des fraudes en faveur des partis au pouvoir.
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