Le ministre des Affaires étrangères du Brésil Aloysio Nunes a été jusqu'à qualifier de "Coup d'État" l'initiative de Nicolas Maduro. "Il s'agit d'une nouvelle rupture de l'ordre démocratique, contraire à la constitution du pays", a-t-il ajouté dans un message publié sur les réseaux sociaux.
L'annonce du chef de l'État socialiste, intervenue un mois pile après le début de la vague de manifestations et de violences qui ont fait 28 morts, est perçue comme une provocation par les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013).
Dès l'aube mardi, les manifestants bloquaient les axes majeurs à travers le pays. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour déloger des opposants sur des barricades dans l'ouest de la capitale.
Dans l'est de Caracas, un groupe d'hommes non identifiés, masqués et armés, a fait face à la police après s'être adonné à des vols dans des véhicules, selon des témoignages et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
Les dirigeants de l'opposition ont demandé la levée des barrages à la mi-journée mais beaucoup se poursuivaient dans l'après-midi.
Le Défenseur du Peuple, Tarek William Saab, autorité chargée de veiller au respect des droits de l'homme, a dénoncé sur Twitter des jets de "cocktails Molotov" par des "personnes cagoulées" contre une de ses représentations dans la ville de Valencia (nord), avant d'accuser le camp anti-gouvernement.
Tandis que l'opposition préparait une grande manifestation pour mercredi, le Parlement, seule institution qu'elle contrôle, discutait mardi des conséquences de la décision de M. Maduro et des réponses à y apporter.
"Nous devons aller de l'avant. Ce peuple ne se rend pas et ne va pas se rendre", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Julio Borges.
"Érosion de la démocratie"
Le président a annoncé lundi, devant plusieurs milliers de partisans rassemblés dans le centre de Caracas à l'occasion de la Fête du travail, la convocation d'une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
Il s'agira selon lui d'une assemblée constituante "populaire, citoyenne, ouvrière", d'une "constituante du peuple" et non "des partis politiques".
Les réactions internationales se multipliaient mardi. "Nous sommes très inquiets des motivations de cette assemblée constituante qui passe outre la volonté des Vénézuéliens et érode la démocratie" de ce pays, a déclaré Michael Fitzpatrick, un des responsables du département d'État américain.
Le Brésil a dénoncé un "coup d'État", tandis que le Chili a regretté une "aggravation de la crise". Pour la chef de la diplomatie argentine Susana Malcorra, ce projet ne fait que "jeter de l'huile sur le feu".
"C'est une mesure désespérée d'un gouvernement qui ne peut pas convoquer des élections car il les perdrait", a estimé l'analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS, qui rappelle que plus de 70% des Vénézuéliens rejettent le gouvernement de Maduro, selon les sondages.
Selon le président socialiste, une partie des 500 membres de l'assemblée seront élus par divers secteurs de la société et ainsi les retraités, les minorités sexuelles ou les handicapés notamment y auront leurs représentants.
Les autres membres "seront élus selon un système territorial avec un caractère municipal et local", a dit M. Maduro.
La nouvelle Constitution remplacerait celle de 1999, adoptée à l'initiative de Hugo Chavez, mentor de M. Maduro.
- "Coup d'État" -
L'opposition a rejeté cette initiative, estimant qu'il s'agissait de la poursuite du "coup d'État" mené selon elle par le camp présidentiel contre le Parlement d'opposition.
Le chef de l'État n'a pas précisé si cette constituante pourrait bousculer le calendrier électoral: outre les élections régionales prévues en 2016 mais reportées, des municipales sont programmées en 2017, avant la présidentielle fin 2018.
L'opposition, qui avait conquis le Parlement lors des élections législatives de décembre 2015, accuse le pouvoir de "coup de force" depuis que, fin mars, le Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême) a supprimé l'immunité des députés et s'est arrogé leurs pouvoirs.
Devant le tollé international, le TSJ a dû faire marche arrière. Mais son initiative a déclenché une vague de manifestations au cours desquelles 28 personnes ont été tuées depuis le 1er avril, selon le parquet.
Après son annonce, M. Maduro a réuni ses ministres et les chefs des forces armées au palais présidentiel de Miraflores. Il a signé le décret convoquant l'assemblée constituante et a annoncé sans autre précision "de nouvelles formes de démocratie participative".
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