La présidente du tribunal correctionnel rassemble ses indices: "Il semble, sans être un grand enquêteur, que les photos montrant la duchesse un peu dénudée ont été prises avant midi..."
A la barre, deux photographes d'une agence people, soupçonnés d'avoir photographié la princesse aux seins nus, nient toute implication.
Kate et son époux William, deuxième dans l'ordre de succession à la couronne britannique, passaient en septembre 2012 quelques jours dans un luxueux domaine du Luberon, le château d'Autet.
Mais les deux paparazzis assurent ne pas les avoir trouvés: "On a tourné, tourné", assure Dominique Jacovides, 59 ans, "on cherchait à voir s'ils feraient du canoë, une balade", ajoute Cyril Moreau, 32 ans.
"Pas de doute", ils ont pris les photos, lance le ténor du barreau Jean Veil, avocat des deux altesses royales, avant de vilipender l'article "prétexte" de Closer: "Kate offre sa poitrine à la douce caresse du soleil provençal", "une épouse bien dans son corps qui n'a rien à cacher à son mari"... Sourires dans la salle.
L'avocat fait lecture d'une déclaration du prince William. Tous deux, écrit ce dernier, ont été "choqués" par ces faits "particulièrement douloureux car ils nous rappellent le harcèlement à l'origine du décès de ma mère, Diana", morte à Paris en 1997 après une course-poursuite avec des paparazzis.
Le couple "ne consent jamais des photos autres que des photos officielles", "ils ont vocation à devenir roi et reine d'Angleterre, c'est une vocation qui donne des obligations!", poursuit le conseil.
En vertu de son "histoire" familiale, le couple princier demande des sommes "très importantes", dit Me Veil. Un million cinq cent mille euros, dévoile plus tard l'un des avocats de Closer, Me Paul-Albert Iweins, dénonçant "un raisonnement anglo-saxon de dommages et intérêts punitifs". Et 50.000 euros à La Provence pour une photo publiée dans le journal.
Amendes "significatives" requises
C'est au tour du procureur, virulent: Kate et son époux William "ne sont pas des victimes ordinaires, mais l'indécence de ce que vous avez à juger aurait choqué n'importe qui".
L'accusateur rappelle le "faisceau d'éléments" à charge contre les deux photographes, géolocalisation autour du château, appel à leur responsable, explosion "mystérieuse" de leurs revenus après septembre 2012. Il souligne le caractère privé du lieu, l'absence de consentement du couple.
Sans en préciser le quantum, il requiert des amendes "très significatives" contre Laurence Pieau, directrice de la rédaction de l'hebdomadaire, Ernesto Mauri, à l'époque président du groupe Mondadori, propriétaire du titre - tous deux absents - et contre les deux photographes, tous jugés pour atteinte à l'intimité de la vie privée ou complicité.
En face, les avocats de Closer invoquent l'"intérêt légitime" de cette publication qui véhicule "une image valorisante du couple".
La diffusion des photos avait pourtant ulcéré la famille royale britannique et jusqu'aux tabloïds du royaume, qui avaient fermement défendu la duchesse de Cambridge.
Kate et William avaient obtenu rapidement de la justice civile française l'interdiction de la cession et de toute nouvelle diffusion des photos litigieuses et avaient porté plainte.
Une semaine avant Closer, le 7 septembre 2012, le journal régional La Provence avait publié une photo de la duchesse en maillot de bain.
Pour cette photo qui "sans être indécente, sans être vulgaire, ne devait pas paraître", le procureur a requis des amendes avec sursis contre Marc Auburtin, alors directeur de publication du quotidien régional, et Valérie Suau, la photographe.
"Pour nous, c'était un honneur de les avoir dans la région", souffle-t-elle à la barre, semblant un peu perdue. "Ils n'étaient pas nus, il faisait bon. Ça ne m'a pas choquée".
Le tribunal rendra sa décision le 4 juillet.
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