Mardi, le tribunal de commerce de Bobigny a examiné la demande de placement en redressement judiciaire, présentée par l'entreprise, qui s'était déclarée en cessation de paiement vendredi.
A l'issue de l'audience, il a mis sa décision en délibéré jusqu'à jeudi. Un ou deux administrateurs judiciaires devraient être nommés.
Cette procédure doit permettre à l'enseigne d'éviter la liquidation, en attendant sa cession.
Le groupe Eram, maison-mère de Tati qui veut se recentrer sur ses autres marques (Eram, Gemo ...), souhaite avancer rapidement pour parvenir à une décision de cession vers la mi-juin.
"Notre objectif reste de préserver le plus d'emplois possible et que les salariés soient rapidement fixés sur l'avenir des activités. (...) Notre trésorerie ne nous permet pas de tenir des mois", a déclaré mardi Michel Rességuier, président d'Agora Distribution.
Cette filiale du groupe Eram, comprend en plus de Tati, les enseignes Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania. La société emploie 1.754 personnes, dont 1.314 chez Tati, et compte 140 magasins en France, dont 115 Tati.
Tati et les autres enseignes d'Agora, en difficulté depuis plusieurs années, ont été mis en vente en février par leur propriétaire, qui avait auparavant effacé 250 millions de dettes pour faciliter leur cession.
A ce jour, sept offres de reprise ont été présentées. La plupart "permettent aujourd'hui des reprises d'un périmètre très large, plus des deux-tiers", assure M. Rességuier.
Parmi elles, une proposition ferme du fondateur de Gifi, Philippe Ginestet, qui ambitionne de reprendre 100 magasins Tati, dont celui historique de Barbès à Paris, et environ 1.200 salariés. Il conserverait la marque Tati.
L'identité et la teneur des offres des autres repreneurs n'ont pas été dévoilés officiellement.
Un consortium composé de la Foir' Fouille, Centrakor et Stockomani serait également sur les rangs, selon une source proche.
Mobilisation des salariés jeudi
Michel Rességuier a simplement déclaré qu'à ce jour, seule une offre sur les sept "est absolument globale", mais "cette offre-là pose des conditions qui ne sont pas recevables". Il a précisé que ladite offre "n'est pas celle de celui qui s'est beaucoup exprimé dans la presse" (seul M. Ginestet a pris la parole, ndlr) "car je pense qu'il y a une confusion chez les salariés à ce sujet".
Il a expliqué "compter sur la procédure judiciaire pour parvenir à des améliorations notables des offres, principalement sur le volet social".
Les salariés du groupe, inquiets d'une casse sociale, ont d'ores et déjà prévu une mobilisation jeudi matin devant le magasin historique de Barbès.
"On veut se faire entendre pour sauvegarder le plus d'emplois possible, car on sait qu'il y aura des gens sur le carreau", a déclaré mardi à la sortie du tribunal Hakima Djellouha, représentante CGT du groupe.
"Nous, ce qu'on veut, c'est que cette enseigne, qui a 70 ans, dure. Ca ne peut pas finir comme ça", a renchéri Tahar Benslimani, délégué CFDT.
Fondée en 1948 par Jules Ouaki, Tati avait été reprise par Eram en 2007.
Malgré une stratégie de diversification et d'internationalisation, Tati, concurrencée par de nouvelles enseignes à prix cassés (Primark pour l'habillement, Action ou Centrakor pour la déco ...) a essuyé l'an dernier des pertes opérationnelles d'environ 60 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en baisse, à 350 millions d'euros.
Tati n'est pas la seule enseigne française à petits prix à souffrir dans un contexte de consommation atone et de recul des dépenses d'habillement.
Mim a ainsi été placé le 26 avril en liquidation judiciaire, malgré une offre de rachat partiel par un tandem formé par Tally Weijl et Etam. 162 des 233 boutiques du distributeur vont définitivement baisser le rideau, avec pour conséquence la suppression de 791 emplois.
Vivarte (La Halle, La Halle aux chaussures, Caroll, Minelli...) a également engagé depuis janvier une sévère restructuration, mettant notamment en vente André et Naf Naf, tout en lançant deux plans sociaux à la Halle aux chaussures et chez Vivarte Services, avec à la clé 900 suppressions de postes selon les syndicats.
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