Avec les équipes des candidats, chaque détail a été passé en revue : la température (19-20 degrés, sinon on transpire), la table (de 2,50 m de large) où ils seront assis face-à-face et le décor de fond, une image floutée de l'Elysée, comme en 2012 et en 2007. Cette fois, aucun public n'est invité.
Pas question de panne, "qui risquerait d'apparaître comme un manque d'équité entre les candidats", a expliqué le réalisateur Tristan Carné, un vétéran des débats télévisés. "Nous voulons montrer au téléspectateur ce qu'il aimerait voir s'il était sur le plateau".
A partir de 20H55, pendant 02H20, Marine le Pen, installée à gauche, et Emmanuel Macron, à droite, débattront, autour des questions posées par Nathalie Saint-Cricq (France 2) et Christophe Jakubyszyn (TF1), responsables des services politiques des deux chaînes, co-organisatrices du débat.
Les deux journalistes n'ont appris ce choix que la semaine dernière, car initialement les chaînes comptaient confier le débat à leurs présentateurs vedettes, Gilles Bouleau et David Pujadas. Mais le CSA a réclamé un duo de présentateurs homme-femme, et le FN a demandé que soit écartée l'autre option de TF1, Anne-Claire Coudray, jugée anti-Le Pen.
Le précédent débat (à 11) avait été présenté par deux femmes, Laurence Ferrari et Ruth Elkrief.
Pas de 'plans de coupe'
Pour l'instant, les candidats n'ont pas accepté les "plans de coupe" - ou "plans d'écoute" -, qui montrent le visage de l'autre candidat pendant que le premier s'exprime.
"L'un et l'autre ont été refroidis par l'usage des plans de coupe sur BFMTV, qu'ils ont jugé intempestifs", a commenté Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions.
Une méfiance qui reste vivace depuis 35 ans: c'est en 1981 que Mitterrand avait demandé à Serge Moati, organisateur du débat avec Valéry Giscard d'Estaing, de supprimer les plans de coupe.
Depuis, ces plans étaient tabous, et ce jusqu'aux débats des 20 mars et 4 avril sur TF1 et BFMTV où les candidats les avaient acceptés.
Quant à la table où ils se feront face, c'est l'habitude en France depuis 1974. "Nous avons tenté des pupitres à l'américaine mais ce sera pour nos successeurs", a plaisanté Michel Field. Marine Le Pen a en fait gardé un mauvais souvenir des heures passées debout lors du dernier débat.
Quant à la douzaine de thèmes qui seront abordés, la liste et leur ordre doivent encore être calés avec les équipes des candidats, au terme d'une ultime réunion. Le président du CSA Olivier Schrameck devait passer lui aussi dans l'après-midi visiter le studio.
Chaque candidat se fera conseiller par des "réalisateurs-conseils" qu'ils auront choisis.
Mardi après-midi, les deux présentateurs étaient un peu stressés, d'autant qu'aucun n'est très habitué à ce genre de débats.
"C'est un exercice très particulier où il faut être très modeste", commente Christophe Jakubyszyn, qui attend "une confrontation des personnalités".
"J'ai rêvé de ce débat ces derniers jours", a raconté Nathalie Saint-Cricq, qui espère "une clarification sur un certain nombre de dossiers, comme celui de Whirlpool". Elle a demandé des conseils à ses prédécesseurs, d'Alain Duhamel à Arlette Chabot et David Pujadas.
Les deux présentateurs ont prévu "d'annoncer les thèmes de façon un peu anglée, pour renouveler un peu le genre". Ils ont tout écrit ensemble et se répartiront les questions.
"Ils devront surtout être des maîtres du temps, ils seront plus jugés la-dessus que sur la pertinence des relances. Ils feront surtout des rappels du temps", selon Michel Field.
Quant à la concurrence du match Monaco-Juventus diffusé à la même heure sur BeIN Sports, elle ne fait pas peur aux deux chaînes. "Un match, même important, sur une chaîne payante, ne peut rivaliser avec un débat d'une telle importance civique", a tranché Michel Field.
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