Sur les murs des habitations, sur les parapets des ponts, sur les arrêts de bus et les boîtes aux lettres. Même si de nombreux citadins ne les remarquent plus, les tags et les graffitis sont devenus un élément incontournable du paysage de Rouen(Seine-Maritime). Dans un contexte politique tendu à l'approche du résultat de l'élection présidentielle, les manifestants et les contestataires sont toujours plus nombreux à utiliser ce moyen d'expression sauvage pour faire connaître leur mécontentement.
Il y a effectivement une recrudescence des tags en ce moment, confirme Gilles Roche, le chef du service propreté de la Ville de Rouen. En dehors des périodes électorales, leur nombre est beaucoup plus aléatoire. Au quotidien, ses équipes et les tagueurs se livrent à une guerre froide et invisible dans les rues de la ville. Les uns s'approprient l'espace public, surtout la nuit, et les autres passent derrière pour tenter d'effacer toute trace de leur passage.
Une lutte pour l'espace public
Un rapport de force se joue au sein de l'espace public, reconnaît un membre du collectif Rouen dans la rue souhaitant rester anonyme. Le graffiti est un moyen pour prendre part à ce rapport de force, un moyen de lutter. Si le "style graffiti" n'est pas toujours facile à déchiffrer pour les profanes, le collectif contestataire est convaincu que ce moyen d'expression interpelle encore les passants au vu des réactions qu'ont suscités les graffitis et les affiches lors de la 'contre-campagne' qu'ils ont menée.
Des réactions qui ne peuvent être unanimement positives au vu des nombreuses demandes traitées par le service propreté de la Ville. Chaque jour, six agents sous les ordres de Gilles Roche sont exclusivement affectés à la chasse au tag. Mais pas au graffiti, car le chef du service propreté voit une distinction: Les tags, ce sont des messages. Les graffitis sont plus artistiques alors souvent on les laisse.
La priorité de ses hommes est chaque jour la même: éliminer de l'espace public les insultes et les messages choquants, comme ceux à caractère xénophobe ou pornographique. Pour ce faire, quatre tournées fixes sont organisées tous les jours dans les zones où les tags sont récurrents, comme la rue du Gros-Horloge ou la rue Saint-Sever.
Un travail sans fin
Après ces tournées vient ce que le service propreté appelle "l'épicerie" dans son propre jargon. L'épicerie, ce sont toutes les demandes individuelles transmises, "le travail à la carte", comme le définit Gilles Roche. Car ses services se déplacent aussi chez les particuliers sous certaines conditions. En effet, il faut que le tag soit visible depuis l'espace publique et puisse être effacé à hauteur d'homme. À chaque fois pour des questions d'assurances.
Pour rendre aux murs et au mobilier urbain leur propreté originelle, les services de la Ville ont plusieurs cordes à leur arc comme repeindre par-dessus, utiliser des produits décapants ou se servir d'une "gommeuse", une technique abrasive qui vient à bout de la peinture. Des interventions menées le plus discrètement possible pour limiter les représailles qui arrivent à chaque fois que l'on se fait remarquer, regrette Gilles Roche.
Vu la vitesse à laquelle reviennent les tags, la tâche semble sans fin pour un service qui nettoie tout de même "près de 8 000 m² de tags par an", selon son responsable. Surtout, le tag est un moyen d'expression à la portée de tous. A priori, n'importe qui peut se livrer au graffiti étant donné que n'importe quelle bombe de peinture, ou peinture tout court, peut faire l'affaire, confirme un membre du collectif Rouen dans la rue. "Notre activité a donc de l'avenir", conclut Gilles Roche.
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