Laissé en déshérence peu après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, un an à peine après avoir été construit sur un territoire qui appartenait alors à la Pologne, l'observatoire n'est aujourd'hui plus guère qu'une carcasse faite de murs en grès peu épais et de fenêtres détruites.
Les scientifiques, qui s'efforcent de réunir près d'un million d'euros de fonds pour le restaurer, veulent redonner un second souffle au site et le transformer en centre de recherche sur la faune, la flore et la météorologie.
Pour l'instant, le site ressemble encore davantage à un château en ruine qu'à un bâtiment scientifique.
"Il n'y avait plus de toit. Tous les sols étaient endommagés. Des tas de briques, de pierres et de détritus -- certains faisant plus de deux mètres de hauteur -- avaient été laissés au fil des ans par les randonneurs", énumère Vassili Fitsak, membre d'une petite équipe stationnée sur place.
Le toit en cuivre a été restauré et les débris nettoyés d'une grande partie de la zone.
Mais les conditions météorologiques difficiles ralentissent les travaux qui ont débuté en 2012: les tempêtes de neige et les températures glaciales empêchent l'avancée du chantier pendant six mois par an et seuls 10 ouvriers peuvent se trouver sur place en même temps.
En outre, l'observatoire, surnommé Bilyï Slon (Éléphant blanc) par les locaux, se trouve dans les montagnes à six heures de marche de la ville la plus proche, et les camions ne peuvent y apporter des matériaux de construction que l'été.
Beaucoup reste ainsi à faire pour restaurer les lieux et les scientifiques espèrent des avancées significatives d'ici l'année prochaine, qui marquera les 80 ans du bâtiment.
Histoire mouvementée
Chahuté par la météo, l'observatoire a aussi subi l'ouragan de l'Histoire: terminé en 1938 sur la frontière de l'époque entre la Pologne et la Tchécoslovaquie, le bâtiment de cinq étages était équipé d'un télescope moderne et servait de base pour l'armée polonaise.
Un an plus tard, les scientifiques ont dû abandonner en hâte le site, dont les troupes de l'Armée rouge ont pris possession à la faveur du Pacte germano-soviétique.
Après le lancement de l'opération Barbarossa en 1941, les troupes nazies s'emparent ensuite de l'observatoire et l'utilisent comme baraquement... avant d'en être chassées par la contre-attaque soviétique trois ans plus tard.
Les Soviétiques ne rénovent toutefois pas le site, qui devient un abri pour les quelques randonneurs traversant la région.
Potentiel en question
Compte tenu de son histoire tumultueuse, l'observatoire n'a jamais réellement servi à ce pourquoi il a été construit.
Et les organisateurs du projet de reconstruction, qui a reçu l'aval et des fonds du ministère polonais de la Culture, admettent qu'il est peu probable qu'il serve d'observatoire astronomique un jour.
Le directeur du projet, Igor Tsependa, souligne que le site ne connaît que 60 jours sans couverture nuageuse par an, bien moins que les quelque 330 jours annuels dont jouissent les observatoires de renommée mondiale.
M. Tsependa, recteur de l'université ukrainienne d'Ivano-Frankivsk, espère en revanche qu'il deviendra un centre pour les jeunes chercheurs et attirera les touristes dans les Carpates, malgré la difficulté d'accès.
"Du point de vue de l'éducation, le site est assez attractif. C'est dommage que nous n'ayons pas plus de sites sur cette chaîne montagneuse", affirme-t-il.
"Cet observatoire pourrait être une première étape dans le développement d'un tourisme moderne en Ukraine, comme c'est déjà le cas dans d'autres pays européens", ajoute-t-il.
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