Il y a une "tendance claire" à l'utilisation d'armes chimiques qui pourrait valoir au régime syrien d'être poursuivi pour crimes contre l'humanité, a ajouté l'organisation de défense des droits de l'homme dans un rapport.
L'attaque présumée du 4 avril à Khan Cheikhoun dans la province syrienne d'Idleb (nord-ouest), qui a fait 88 morts dont 31 enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a provoqué l'indignation de nombreuses capitales qui mettent en cause le régime de Bachar al-Assad.
Damas et Moscou réfutent les accusations occidentales, affirmant que ces agents neurotoxiques se sont répandus après un bombardement contre un dépôt d'armes. Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé à l'AFP le 13 avril que l'attaque de Khan Cheikhoun était "100%" inventée.
Mais le directeur général de HRW, Kenneth Roth, a estimé qu'il était "totalement impossible" que ces drames aient tous été provoqués par le bombardement de dépôts d'armes chimiques.
Selon HRW, les forces d'Assad lancent en outre de plus en plus d'attaques au chlore et ont commencé à utiliser des missiles au chlore dans des combats près de Damas.
"L'utilisation par le gouvernement (syrien) de gaz neurotoxiques montre une escalade meurtrière --et la tendance est claire", a estimé M. Roth.
"Au cours des six derniers mois, le gouvernement a utilisé des avions, des hélicoptères et des soldats au sol pour répandre du chlore et du gaz sarin à Damas, Hama, Idleb et Alep".
"Il s'agit d'une utilisation généralisée et systématique d'armes chimiques", selon lui.
Human Rights Watch a interrogé 60 témoins et étudié des photos et des vidéos de l'attaque présumée de Khan Cheikhoun, ainsi que d'autres offensives présumées en décembre 2016 et mars 2017.
Une première bombe portant du gaz sarin a été lâchée près de la boulangerie centrale de Khan Cheikhoun. Elle a été suivie quelques minutes plus tard par trois ou quatre autres bombes.
Selon HRW, qui cite des habitants et des militants, cette attaque présumée a fait au moins 92 morts, dont une trentaine d'enfants, et des centaines de blessés.
En outre, 64 personnes sont mortes selon HRW après une attaque aérienne au gaz sarin imputée au régime contre une zone contrôlée par le groupe Etat islamique dans l'est de Hama (nord) les 11 et 12 décembre.
Enfin une quatrième offensive à l'arme chimique a eu lieu dans le nord de Hama le 30 mars. Elle n'a pas fait de morts mais blessé des dizaines d'habitants et de personnels soignants, selon HRW.
Ces attaques se sont produites dans des zones où des rebelles menaçaient de frapper des bases aériennes syriennes, selon HRW.
Certaines de ces attaques ont été lancées directement contre des civils, un critère qui pourrait les qualifier de crimes contre l'humanité.
Mandatée par l'ONU, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) étudie 45 attaques chimiques présumées en Syrie depuis la mi-2016.
HRW estime que le Conseil de sécurité de l'ONU doit à nouveau demander à la Cour pénale internationale l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre.
Le Conseil avait fait cette demande en 2014, mais la Russie, alliée de la Syrie, et la Chine y avaient apposé leurs veto.
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