"Ca ne devrait pas être un sujet de discussion pour les forces républicaines : On prend le bulletin Macron et on considère que c'est le bulletin qui empêche l'extrême droite" d'arriver au pouvoir, a lancé M. Hollande, tirant la sonnette d'alarme à huit jours du duel final entre le leader centriste et Mme Le Pen.
Le message présidentiel n'a jamais été aussi clair. Jusqu'à peu, François Hollande émettait régulièrement des réserves sur son ancien protégé, qui s'était brutalement émancipé de sa tutelle pour briguer l'Elysée.
Lors d'une conférence de presse à l'issue du dernier sommet européen de son quinquennat, il a longuement mis en garde contre "le risque majeur" de voir la candidate d'extrême droite accéder à la présidence de la République.
Selon les sondages, l'écart se ressert entre Marine Le Pen, qui serait désormais en mesure de rallier 41% des suffrages, contre 59% au candidat centriste. L'alliance scellée samedi entre la présidente du FN et le chef du parti souverainiste Debout La France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan, pourrait lui apporter un renfort substantiel.
Au 1er tour, M. Dupont-Aignan - qu'elle compte nommer Premier ministre en cas de victoire - avait obtenu 4,7% des voix.
Alors que les deux alliés ont conclu samedi un accord semblant ajourner leur volonté de sortir de la zone euro, M. Hollande a dénoncé un subterfuge destiné à tromper les Français. "Leur volonté" c'est bien "la sortie de la France de la zone euro et de l'UE", a réagi le chef de l'Etat, mais "en même temps qu'ils continuent de préparer ce projet dangereux, ils le camouflent, ils le cachent, ils le gomment" parce qu'"il fait peur".
Le président sortant a exhorté les électeurs à ne pas se laisser abuser car, a-t-il expliqué, "si la candidate de l'extrême droite devait être élue le 7 mai, tout ce qu'elle propose" mettrait automatiquement "la France en dehors de la zone euro et de l'UE".
- Macron 'bon partenaire pour l'Allemagne' -
Il a parallèlement apporté un soutien très appuyé au leader d'En Marche! sur la scène européenne, se disant convaincu que son ex-ministre de l'Economie, proeuropéen convaincu, serait "un bon partenaire pour l'Allemagne, parce qu'il défendra les intérêts" à la fois de la France et de l'Europe "au service de nos intérêts communs".
François Hollande a rappelé qu'Emmanuel Macron avait été à bonne école en participant avec lui à "la plupart des Conseils européens comme conseiller", avant de continuer à y être "associé comme ministre".
Salué par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, le chef de l'Etat français, qui quittera l'Elysée mi-mai, a demandé une dernière fois à l'Europe d'évoluer face à la montée des extrêmes et des populismes.
"L'Europe doit donner confiance, elle doit être une solution et non pas une suite de problèmes", a plaidé le président, si impopulaire qu'il a dû renoncer à briguer un nouveau mandat, une première sous la Ve République.
Ses partenaires européens se sont pour leur part bien gardés, samedi, de tout commentaire sur l'élection française, en dépit des risques d'une grave fracture de l'UE en cas d'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen.
"Ce n'est pas aux institutions européennes de faire le choix d'un candidat", "c'est aux citoyens français de décider quel sera le prochain président", a ainsi affirmé le président du Parlement européen, Antonio Tajani, en refusant de s'engager sur la question de savoir si le vote du 7 mai était "un référendum pour ou contre l'Europe".
Toutefois, dès la fin du premier tour de la présidentielle française le 23 avril, plusieurs responsables européens, dont M. Juncker - rompant avec la tradition de neutralité en cas de scrutins nationaux - avaient félicité Emmanuel Macron, qui reste favori du deuxième tour le 7 mai.
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