"J'ai déclaré hier (vendredi) la cessation de paiement des sociétés du pôle Agora qui comprend la marque Tati", a déclaré à l'AFP Michel Resseguier, le dirigeant d'Agora Distribution, qui regroupe Tati et les autres enseignes à bas prix du groupe Eram.
Tati, en difficulté depuis plusieurs années, a été mis en vente en février par son propriétaire. L'enseigne emploie plus de 1.700 personnes et exploite 130 magasins.
"La direction de Tati nous a annoncé hier (vendredi) lors d'une réunion extraordinaire avoir déposé un dossier de redressement judiciaire devant le tribunal de commerce alors que six repreneurs sont officiellement intéressés par le rachat des magasins", s'est étonnée Nicole Coger, déléguée syndicale pour la CGT, premier syndicat de l'enseigne.
"Il y a un mois pourtant le groupe Eram affirmait que Tati n'avait plus aucune dette, aujourd'hui il dit que 6 millions d'euros de dettes ont été cumulés en trois mois. Résultat de la manoeuvre, le groupe Eram pourrait faire payer sa dette et le plan de licenciements par les contribuables", a-t-elle déploré, craignant pour la survie de "plus de 700 emplois". Un chiffre qui colle avec l'espoir de la direction de sauver plus de 1.000 emplois dans le groupe, qui compte également les enseignes Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania.
Le PDG du pôle Agora, dont Tati et ses magasins du quartier parisien de la Goutte d'or constituent le fleuron, explique avoir choisi de passer devant le tribunal de commerce en raison du profil des offres reçues.
"Nous avons reçu sept offres de bonne qualité, mais toutes comportaient des conditions suspensives. Compte tenu des caractéristiques de la plupart de ces offres, il m'a semblé que le meilleur moyen pour leur permettre de prospérer et d'aboutir, c'était de passer par une procédure de prépack-cession", a déclaré M. Resseguier, confirmant des informations du journal Le Monde.
Première audience mardi à Bobigny
Ce dispositif de cession judiciaire accélérée permet au tribunal de se prononcer dans des délais assez courts. Car l'objectif déclaré de la direction est "d'arriver à faire aboutir les cessions vers la mi-juin", selon M. Resseguier.
"J'aurais préféré une reprise des titres, dans ce cas-là, vous reprenez tout. Je n'ai reçu qu'une offre sur les sept en ce sens et elle est assortie de conditions suspensives tellement dures, tellement exigeantes, qu'elle a très peu de chances d'aboutir", a-t-il expliqué pour justifier sa décision.
La première audience devant le tribunal de commerce de Bobigny est prévue mardi après-midi, a indiqué M. Resseguier à l'AFP, alors que les salariés ont prévu de se mobiliser pour des actions dans les tout prochains jours, selon la CGT.
L'ensemble des élus syndicaux, selon la CGT, a refusé de voter la mise en redressement judiciaire comme lui a demandé la direction. "Cela va trop vite", selon Mme Coger. Son syndicat demande l'ouverture immédiate de négociations avec le groupe Eram.
Parmi les marques d'intérêts, une offre ferme du dirigeant-fondateur de Gifi, spécialisé dans la décoration à petit prix, Philippe Ginestet, propose de conserver la marque et l'activité de Tati et de reprendre plus de 100 magasins et environ 1.200 salariés, avait indiqué une source proche du dossier à l'AFP.
Malgré une stratégie de diversification de son offre et une internationalisation, Tati a enregistré l'an dernier des ventes en recul et un résultat déficitaire, selon Agora Distribution. L'enseigne avait notamment ouvert le 2 septembre un magasin à Casablanca, capitale économique du Maroc.
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