Depuis le 23 avril, la droite tremble sur ses fondements, mais l'édifice tient encore debout. Pour combien de temps ? Ceux qui sont restés fidèles à François Fillon jusqu'à la fin répondent que "l'implosion de LR n'est pas inéluctable", ceux qui l'ont quitté au fil des "affaires" disent que leur parti est "déjà en train d'éclater".
Tous ont un point commun : aucun n'envisage la victoire de Marine Le Pen, même si les scores des deux finalistes seront "plus serrés que prévu", assure un ancien ministre.
Les élus LR se répartissent entre ceux qui, de plus ou moins bonne grâce, choisissent de voter pour le candidat d'En Marche ! le 7 mai, et ceux qui se contentent d'appeler à "voter contre Marine Le Pen", laissant les électeurs libres de choisir entre le vote blanc ou Macron. "Il y a un risque", reconnaissent-ils, "celui de faire de Le Pen l'opposante numéro un".
Cette première cassure parmi les édiles du parti est renforcée par celle, plus béante encore, de la base, un nombre significatif d'électeurs de François Fillon au premier tour étant décidés à voter FN au second. 30% seraient dans ce cas, selon le politologue Jean-Daniel Lévy.
"Je fais beaucoup de réunions de militants. Il sont nombreux à choisir l'abstention, ou pire, Marine Le Pen", se désole un important élu francilien, avouant passer "beaucoup de temps" à essayer de les faire changer d'avis. "Fillon a perdu de peu (ndlr 20,01% contre 21,3% à Le Pen), ça les met encore plus en colère que s'il y avait eu une grosse différence".
Selon un ancien ministre, "LR n'éclatera pas avant les législatives. Tout le monde a besoin d'être réélu. Celui qui apparaîtrait comme responsable de l'implosion risquerait d'en payer le prix auprès de ses électeurs". Le même estime qu'il y a donc peu de chances de voir les candidats LR aux législatives changer d'étiquette pour celle de la majorité présidentielle.
'Baratin'
Emmanuel Macron a souhaité jeudi voir Xavier Bertrand intégrer son "large rassemblement" face au FN. Le président LR des Hauts-de-France n'avait pas encore réagi vendredi. Un élu LR du sud-est, récemment contacté par le camp Macron pour juin, a décliné la proposition.
Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, qui avait affirmé jeudi que "c'est très grave de voter blanc, il faut voter Macron", recevait ce dernier vendredi en fin d'après-midi, dans son département, à Montmorillon.
Selon une autre source LR, M. Raffarin aurait également "des échanges avec Manuel Valls", en vue de la constitution d'un "pôle progressiste" au Parlement.
"Ca fermente mais la coupe n'est pas encore pleine", veut croire un autre ancien ministre. "Ca peut casser au moment de la constitution des groupes à l'Assemblée. Mais, là encore, ce sera compliqué, ne serait-ce que pour des raisons financières".
"Tout dépend de l'ampleur de la victoire de Macron" et "du nombre d'élus de chez nous qui rejoindront le camp des vainqueurs", analyse un autre LR, qui ne croit pas à une future cohabitation. "Certes, on n'aura pas la majorité absolue mais on peut avoir un groupe important", dit-il.
Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate dans la 2e circonscription de Paris héritée de François Fillon, a prévenu qu'elle choisirait "une attitude constructive" en cas d'Assemblée sans majorité. Mais Rachida Dati, maire LR de Paris VIIe, a prévenu: "J'espère qu'elle (NKM) ne sera pas ministre de Macron en ayant été élue avec nos électeurs".
Parmi ceux qui voient l'implosion de leur camp, un député LR francilien assure qu'"on ne pourra jamais remettre dans le même parti ceux qui auront voté Macron et ceux qui auront voté FN". Le même ajoute: "il n'y aura pas de cohabitation non plus. Certains disent +on ne présidera pas la France mais on peut la gouverner+. C'est du baratin".
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