Obtenue l'été dernier après cinq mois de négociations entre les syndicats et l'Assurance maladie dans le cadre d'une nouvelle convention tarifaire, l'augmentation de la consultation de 23 à 25 euros, concerne les généralistes installés en secteur 1, soit 94% de ces professionnels. La consultation des enfants jusqu'à 6 ans passera, elle, à 30 euros.
"Cela faisait plus de six ans que le prix de la consultation n'avait pas bougé. En trente ans de carrière je n'avais jamais vu un blocage tarifaire aussi long", souligne Claude Leicher, président du principal syndicat de généralistes, MG France, signataire de la convention avec le Bloc (syndicat des chirurgiens) et la FMF (généralistes et spécialistes).
"Ce n'est pas la révolution, mais la première étape avant une consultation à 40 euros dans la moyenne des pays européens", veut croire le président de la FMF, Jean-Paul Hamon.
Car, prévient-il, "tous les voyants sont au rouge, les déserts médicaux s'étendent et ce n'est pas avec une pièce de deux euros qu'on changera la vie des généralistes".
Et selon l'Ordre des médecins, la France aura perdu un quart de généralistes entre 2007 et 2025.
"La médecine libérale vit une crise majeure", insiste le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz, pour qui Marisol Touraine, ministre de la Santé durant tout le quinquennat, "laisse une lourde ardoise à son successeur".
'Divorce'
L'application de cette première mesure tarifaire, qui sera suivie à l'automne par d'autres revalorisations comme l'avis ponctuel de spécialistes (qui passera de 46 à 48 euros, puis à 50 euros en juin 2018) ou l'instauration de consultations complexes à 46 et 60 euros, clôt cinq ans de relations houleuses entre les médecins libéraux et la ministre.
Fermetures de cabinets et manifestations, les médecins libéraux opposés à la généralisation du tiers payant ont multiplié les actions contre la loi Santé, accusant le gouvernement de vouloir "étatiser la santé".
"Nous sortons d'un quinquennat qui aura été marqué par un divorce entre la ministre de la Santé et les médecins libéraux", affirme le président de la CSMF, premier syndicat de la profession (généralistes et spécialistes confondus). Il attend du prochain président "qu'il restaure le dialogue et la confiance avec les médecins libéraux".
Relèvement du numérus clausus en faculté de médecine, pour Marine Le Pen, doublement des maisons de santé d'ici 2022 pour Emmanuel Macron: les remèdes des deux candidats à la présidentielle pour lutter contre les déserts médicaux n'ont rien d'original, reconnaissent les professionnels.
Au-delà d'un nouveau relèvement en novembre du nombre d'étudiants admis en seconde année de médecine (+ 478 places), plusieurs mesures incitatives ont été développées par le gouvernement pour attirer les médecins dans les zones sous-dotées: allocation versée aux étudiants qui s'engageant à exercer à la fin de leur cursus dans ces zones, aides à l'installation, développement des maisons de santé pluridiciplinaires.
"Doubler les maisons de santé, c'est bien pour l'immobilier, mais s'il y a personne dedans ça sert à rien", prévient M. Hamon.
Estimant que les médecins libéraux ont été "délaissés" au profit de l'hôpital, les syndicats militent avant tout pour une meilleure coordination entre soins de ville et hôpitaux dans laquelle le rôle du médecin est renforcé.
"Il faut investir dans les soins primaires en créant un fond d'intervention dédié à ces soins, afin de soulager l'hôpital qui concentre 38% de la dépense", défend M. Leicher.
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