Ce sera le baptême du feu pour le discret secrétaire d'Etat qui présidera dans la matinée sa toute première réunion ministérielle des 15 pays membres du Conseil de sécurité, consacrée à Pyongyang. Il verra ensuite en tête-à-tête son homologue chinois Wang Yi.
Signe de l'urgence pour les Etats-Unis -dont des territoires comme Hawaï ou la côte nord-ouest pourraient être à portée de missiles nord-coréens-, M. Tillerson et le patron du Pentagone James Mattis avaient menacé mercredi de renforcer les sanctions économiques contre le régime du dirigeant Kim Jong-Un, dans l'espoir de le ramener sur "le chemin du dialogue".
La Corée du Nord s'était engagée à partir de 2003 dans des négociations à Six avec la Corée du Sud, le Japon, la Russie, les Etats-Unis et la Chine. Ces pourparlers avaient capoté en 2009 et l'administration de Barack Obama n'avait cessé pendant huit ans de brandir à la fois le bâton des sanctions et la carotte d'une relance des discussions.
Mais le régime communiste n'a jamais cessé de multiplier ses tirs de missiles balistiques, procédant même à cinq essais nucléaires souterrains, dont deux en 2016.
Ces programmes militaires ont valu à la Corée du Nord une série de résolutions de l'ONU et une batterie de sanctions internationales. D'après des experts onusiens, ces mesures punitives ont toutefois eu peu d'impact sur Pyongyang.
Risque de confrontation
Arrivée au pouvoir le 20 janvier et après des semaines de menaces réciproques -notamment l'évocation par Washington d'une action militaire-, l'administration de Donald Trump a mis de l'eau dans son vin ces derniers jours en semblant écarter, pour l'instant, le recours à la force et privilégier la diplomatie.
Le président américain a rappelé jeudi sa préférence pour une solution politique, tout en soulignant le risque de confrontation militaire.
"Il y a une possibilité que nous finissions par avoir un conflit vraiment majeur avec la Corée du Nord. Absolument", a-t-il dit à l'agence Reuters. "Nous aimerions résoudre les choses par la diplomatie, mais c'est très difficile", a-t-il ajouté.
Interrogé par la télévision FoxNews, Rex Tillerson a résumé la "stratégie" du président américain: "Faire pression sur le régime de Pyongyang" tout en "appelant la Chine à jouer un rôle sur la manière dont nous traitons cette menace".
Au Conseil de sécurité, "nous discuterons des mesures nécessaires pour augmenter la pression sur Pyongyang", a-t-il souligné.
Le secrétaire d'Etat a promis que les Etats-Unis "ne cherchaient pas un changement de régime, ni un effondrement du régime, ni quelque prétexte pour une réunification accélérée" des deux Corées.
"Ce que nous cherchons c'est la même chose que la Chine: la dénucléarisation complète de la péninsule" coréenne, a insisté Rex Tillerson.
Auquel cas, les Etats-Unis et "d'autres pays seront prêts à aider (la Corée du Nord) sur la voie du développement économique pour devenir un élément stable et sûr d'une Asie du Nord-Est prospère".
'Pression' chinoise
Comme sous l'ère Obama, l'équipe Trump compte avant tout sur la Chine pour faire entendre raison à son allié nord-coréen: "Nous allons voir s'ils veulent nous aider à nous occuper de cette grave menace", a martelé Rex Tillerson.
"Les Chinois nous ont dit avoir prévenu le régime (nord-coréen) qu'en cas de nouvel essai nucléaire, la Chine prendrait elle-même des sanctions", a confié le ministre américain.
"Je crois que les Chinois semblent vouloir travailler avec nous", a-t-il estimé.
Si les Etats-Unis ont choisi pour l'instant la diplomatie, Donald Trump avait été "très clair" lors d'un déjeuner lundi à la Maison Blanche avec des ambassadeurs de pays du Conseil de sécurité, a rapporté l'un d'entre eux: il sera le président américain qui "s'occupera de la Corée du Nord", y compris par une action militaire si la Chine ne parvient pas à contrôler Pyongyang.
"Toutes les options sont sur la table (mais) nous voulons ramener Kim Jong-Un à la raison, pas le mettre à genoux", avait résumé mercredi l'amiral Harry Harris, patron des forces américaines en Asie.
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