Alors que le parquet avait requis 3 ans et 4 mois de prison ferme ainsi que 50.000 euros d'amende, le verdict a été accueilli par les applaudissements de plusieurs dizaines de militants venus soutenir le jeune Niçois à la barbichette.
"Cela permet de faire entendre enfin la voix de la raison: aider des gens, c'est moral et c'est légal", a commenté à l'AFP M. Croft, militant engagé depuis toujours au sein de la gauche radicale.
Emu, il a d'abord embrassé sa compagne, qui était avec lui le jour des faits mais était rentrée en train pour laisser la place aux migrants dans la voiture.
Félix Croft avait été arrêté le 22 juillet 2016 du côté italien avec une famille de cinq Soudanais du Darfour -le père, la mère enceinte, deux enfants et un oncle- qu'il avait rencontrés par hasard dans un centre d'accueil de Caritas.
La relaxe a été prononcée au motif que "les faits ne constituent pas un délit", mais les motivations du tribunal n'ont pas été précisées dans l'immédiat, a expliqué à l'AFP Laura Martinelli, une avocate de M. Croft.
"En France comme en Italie, la solidarité ne constitue pas un délit", a commenté Antigone, une association italienne de défense des droits de l'homme engagée auprès des migrants de Vintimille.
Dans un réquisitoire sévère prononcé mi-mars, la procureure Grazia Pradella avait requis la prison ferme, rejetant toute exception de force majeure, d'autant que la clause humanitaire pour l'aide au migrants inscrite en droit français depuis 2012 n'existe pas en Italie.
Force majeure
"Ces personnes pouvaient demander d'activer les procédures pour le droit d'asile (en Italie) mais elles ont exprimé la volonté de rester clandestines", avait insisté la procureure, évoquant aussi plusieurs fois des motifs de sécurité.
Selon M. Croft, la famille a été raccompagnée par la police au centre de Caritas après son arrestation, mais a reçu ensuite l'aide d'autres militants et se trouve désormais en Allemagne.
Les poursuites engagées contre lui étaient une première côté italien dans la région de Vintimille, qui a vu transiter ces dernières années des milliers de migrants débarqués en Italie et cherchant à gagner le nord de l'Europe.
Mais la clémence du tribunal d'Imperia fait écho à celle des juges de Nice qui n'ont infligé en février qu'une amende avec sursis à Cédric Herrou, un agriculteur militant poursuivi pour avoir aidé des dizaines de migrants à venir d'Italie.
Né à Nice d'une mère française d'origine italienne et d'un père américain, Félix Croft n'a pas laissé ses démêlés judiciaires en Italie refroidir son ardeur: le 16 avril, il était à Menton pour manifester pour l'ouverture des frontières, ce qui lui a valu encore 19 heures de garde à vue.
Alors qu'il peut désormais récupérer son break Citroën saisi lors de son arrestation, il aurait été prêt à aider "dès ce soir" d'autres migrants à passer en France, s'il ne faisait l'objet d'une interdiction du territoire italien, une décision administrative prise en août que les autorités vont probablement maintenir.
En Italie, son procès arrive au moment d'un changement d'humeur vis-à-vis de l'aide aux migrants, qui continuent de débarquer par milliers chaque semaine.
Si le maire de Vintimille a finalement annulé il y a quelques jours son décret interdisant de donner à manger aux migrants, le procureur de Catane (Sicile) multiplie les déclarations menaçantes contre les ONG affrétant des bateaux de secours en mer.
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