"Un pays tiers ne bénéficiera pas des mêmes droits, ou de droits plus avantageux, qu'un pays membre" de l'Union européenne, a dit la chancelière allemande devant la chambre des députés à Berlin.
"Peut-être pensez-vous que tout ceci est évident, mais je dois malheureusement le dire aussi clairement car j'ai le sentiment que certains en Grande-Bretagne se font encore des illusions à ce sujet", a ajouté Angela Merkel.
Elle s'exprimait pour donner la position allemande à deux jours d'un sommet européen qui doit fixer les lignes rouges de l'Union européenne dans les négociations sur le Brexit, et au lendemain d'une rencontre à Londres entre Theresa May et des responsables européens.
'Complètement unis'
Une réunion préparatoire au sommet, des ministres des Affaires européennes des 27, a débuté dans la journée à Luxembourg. Objectif: afficher un front uni face à Londres, qui pourrait être tenté de jouer sur les intérêts parfois divergents entre pays européens.
"Il semble qu'actuellement nous soyons complètement unis, sur tout", a assuré à son arrivée le vice Premier ministre maltais Louis Grech, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.
Selon un projet de texte pour le sommet européen que l'AFP a pu consulter, l'UE entend se concentrer sur la défense des droits des citoyens (de l'UE résidant au Royaume-Uni et des Britanniques établis dans le reste de l'UE), sur les engagements financiers pris par Londres auprès de l'UE ou encore sur leur future relation commune.
Considérée comme la dirigeante européenne la plus influente du moment, Angela Merkel s'est efforcée de faire preuve de fermeté avant des négociations qu'elle prévoit "difficiles".
Croire que le Royaume-Uni pourrait obtenir des avantages équivalents, après sa sortie, à ceux dont il bénéficie aujourd'hui "serait du temps perdu", a-t-elle insisté à Berlin.
'Beurre et argent du beurre'
L'Allemagne et les autres pays européens n'entendent pas, en particulier, donner à la Grande-Bretagne un accès plein et entier au marché intérieur de l'UE sans maintien d'une libre circulation des citoyens européens au Royaume-Uni. Ce que Londres refuse.
La question du statut du secteur financier britannique, avec la puissante City de Londres, est aussi au centre des débats.
"Ce qui ne peut fonctionner, c'est un accès au marché intérieur sans libre circulation (des citoyens, ndlr) ou un accès des institutions financières britanniques au marché financier européen pendant que Londres procède à une dérégulation massive" pour attirer les investisseurs, a indiqué un des secrétaires d'Etat allemands aux Finances, Jens Spahn, dans une interview à l'AFP.
"On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre", a-t-il dit.
Un autre sujet de discorde à venir porte sur la facture que Londres devra régler pour sortir de l'UE. Sur ce point, la chancelière a jugé que "les négociations doivent dès le départ inclure la question des obligations financières de la Grande-Bretagne, y compris après le Brexit".
Cette facture a été évaluée côté européen à environ 60 milliards d'euros, mais des responsables britanniques ont laissé entendre qu'ils n'avaient pas l'intention de payer un tel montant.
Mme Merkel a aussi réaffirmé que les discussions sur les conditions de la sortie de l'UE devaient d'abord être résolues "de manière satisfaisante" avant d'aborder le cadre des relations futures entre la Grande-Bretagne et l'UE, alors que Londres préférerait mener les deux de front.
Cette chronologie est "irréversible", a dit la chancelière allemande.
L'UE espère entamer les négociations sur l'article 50 après les élections générales anticipées prévues au Royaume-Uni le 8 juin.
A Londres, le porte-parole de la cheffe du gouvernement s'est borné jeudi à dire que le pays abordait les discussions "dans un esprit constructif et beaucoup de bonne volonté".
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