Europhobes et europhiles confondus, les médias britannique ont tous fait la même analyse au lendemain du premier tour dimanche: Emmanuel Macron, s'il est élu le 7 mai, ne va pas faciliter la tâche de la Première ministre Theresa May dans les négociations ardues de sortie de l'Union européenne qui l'attendent.
"Emmanuel Macron serait mauvais pour le Brexit et Theresa May", assure le quotidien conservateur europhobe Daily Telegraph. "Macron pourrait mener un dur marchandage dans les négociations du Brexit", s'inquiète le quotidien europhile de gauche The Guardian.
A la suite du référendum du 23 juin 2016 qui a décidé du Brexit, Theresa May a déclenché le 29 mars le divorce avec l'Union européenne en annonçant vouloir sortir du marché unique pour reprendre le contrôle de l'immigration, tout en négociant une nouvelle relation commerciale avec le club des 27 la plus favorable possible pour son pays. Or elle est loin de partir en position de force dans cet exercice qui doit durer deux ans maximum, face à des dirigeants européens désireux d'empêcher une autre défection.
Le quotidien des affaires Financial Times relève lui aussi "toute une série de raisons" pour lesquelles l'élection d'Emmanuel Macron "pourrait considérablement compliquer la situation pour les Britanniques". Parmi elles, c'est "un Européen convaincu" peu prêt à faire des concessions au partant, sans compter qu'en tant qu'ancien banquier chez Rotschild, il y voit une occasion de maximiser la place financière de Paris au détriment de la City, selon certains analystes.
'L'ennemi, c'est Macron!'
Dans son programme électoral, le leader d'En Marche! a inséré tout un chapitre sur l'Europe et ses bienfaits dans lequel il ne laisse pas vraiment d'espace pour une exception britannique: "Dans la discussion du Brexit, nous défendrons l'intégrité du marché unique européen. Toutes les entreprises qui y accèdent doivent être soumises aux mêmes disciplines", écrit-il.
Reçu à Londres fin février par Theresa May, il avait assuré vouloir "une mise en oeuvre juste du Brexit protégeant les intérêts français et européens". "Le meilleur accord commercial pour le Royaume-Uni (...) c'est l'appartenance à l'UE", lançait-il dans la foulée lors d'une réunion électorale à Westminster Hall.
"A première vue, ça a l'air mauvais parce que Macron a eu une ligne dure sur la question du Brexit, disant que l'UE doit rester ferme avec le Royaume-Uni afin d'en faire un exemple pour d'autres pays qui pourraient être tentés de prendre le même chemin, alors que Marine Le Pen a exprimé sa compréhension de la position britannique", relève pour l'AFP Simon Tilford, directeur adjoint du Center for European Reform.
Mais "une ligne dure n'est pas nécessairement mauvaise pour le Royaume-Uni si ça le force à faire des compromis et à être plus honnête sur les contreparties auxquelles il fait face", estime cet expert.
"L'ennemi, c'est Macron!", a lui lancé sur la radio LBC Nigel Farage, ex-dirigeant du parti europhobe Ukip et grand manitou du Brexit, qui espère une victoire de Le Pen. "Il veut renforcer Bruxelles et ça ne sert pas nos intérêts alors que Juncker et les autres se mettent tous d'accord pour nous punir", a-t-il dit en référence au président de la Commission européenne.
Pour Simon Tilford, toutefois, "le Royaume-Uni n'a aucun intérêt à l'instabilité politique ou même au chaos qui pourrait résulter de l'élection de Marine Le Pen".
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