Le jeune candidat, 39 ans, doit d'abord se rendre à Amiens (Somme) pour rencontrer les salariés d'un site menacé de délocalisation en Pologne, puis à Arras (Pas-de-Calais), deux villes où la cheffe du Front national est arrivée en tête du premier tour dimanche.
Après un début de campagne du second tour sur les chapeaux de roues, celle qui se présente comme "la candidate du peuple" a convoqué mercredi son conseil stratégique de campagne. Après "Remettre la France en ordre", elle doit dévoiler un nouveau slogan.
La candidate anti-Europe et anti-immigration tiendra jeudi un grand meeting à Nice (Alpes-Maritimes), un des bastions de la droite, où l'ancien Premier ministre François Fillon l'avait devancée au premier tour.
Donné vainqueur le 7 mai par tous les sondages publiés depuis dimanche soir avec de 62% à 64% d'intentions de vote, Emmanuel Macron a pourtant reconnu que "rien n'est gagné" face à son adversaire, qui a annoncé vouloir "rassembler les patriotes (...) de droite ou de gauche".
L'attitude de M. Macron, qui a consacré son début de semaine à des consultations en vue d'une future majorité, a été critiquée par nombre de commentateurs, jugeant qu'il donnait l'impression "d'enjamber" le second tour.
Si M. Macron a recueilli des ralliements de tous bords pour "faire barrage" à l'extrême droite, il n'a toujours pas obtenu celui du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (19,58% des voix au premier tour).
Des voix au sein du Parti socialiste ont appelé mercredi l'ex-candidat de la "France insoumise" arrivé dimanche en quatrième position à "se ressaisir".
"Quand on est de gauche, on ne biaise pas, on est immédiatement dans le combat contre le Front national", a affirmé le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis.
'Pas un chèque en blanc'
D'autres responsables ont aussi mis en garde M. Macron, le prévenant qu'un bulletin en sa faveur ne valait pas adhésion.
Voter Macron, "ce n'est pas un chèque en blanc", a souligné le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent. Même écho au sein de l'un des principaux syndicats français, la CFDT, qui demande au candidat, accusé de vouloir mener une politique économique libérale, de "montrer un peu d'empathie à l'égard des plus fragiles".
Le président François Hollande lui a déjà lancé une mise en garde mardi, estimant que le score historique du FN au premier tour (21,3%) ne devait pas être sous-estimé.
"Je pense qu'il convient d'être extrêmement sérieux et mobilisé, de penser que rien n'est fait parce qu'un vote ça se mérite, ça se conquiert, ça se justifie, ça se porte", a-t-il déclaré mardi, appelant à ce que le score de l'extrême droite soit "le plus faible possible" le 7 mai.
"Ce n'est pas rien que l'extrême droite soit au deuxième tour d'une élection présidentielle", a-t-il insisté.
C'est la "campagne positive" d'Emmanuel Macron qui a permis d'éviter que l'extrême droite n'arrive en tête du premier tour, a répliqué mercredi un porte-parole du candidat, Benjamin Griveaux.
Très offensive sur le terrain depuis lundi, la candidate du Front national s'est, elle, engagée dans une délicate opération visant à séduire à la fois les électeurs du conservateur François Fillon et ceux de Jean-Luc Mélenchon.
"Mon adversaire a une vision désincarnée de la France, il est le candidat de l'oligarchie", a affirmé mardi soir Marine Le Pen à la télévision, estimant que "c'est la France qu'il faut choisir dans cette élection présidentielle, face à sa dilution dans une mondialisation sauvage".
"Je veux rassembler l'ensemble des patriotes, de droite ou de gauche, je ne regarde pas leur vote de premier tour", a-t-elle martelé, avant de revenir sur un de ses thèmes favoris, l'immigration: "Nous avons 7 millions de chômeurs et 9 millions de pauvres, or nous faisons venir 200.000 étrangers par an".
En attendant le débat télévisé qui les opposera le 3 mai, M. Macron et Mme Le Pen ont été vus ensemble mardi, pour un hommage national rendu au policier de 37 ans devenu la semaine dernière la 239e victime de la vague d'attentats jihadistes commis en France depuis janvier 2015.
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