Depuis lundi, le hashtag #SansMoile7mai s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.
Pléthore d'électeurs y expriment leur rejet viscéral de l'extrême droite mais aussi du candidat centriste Emmanuel Macron, ancien banquier jugé ultra-libéral, qui continuera selon eux à faire progresser le vote FN en accroissant les inégalités.
"Un second tour entre la peste brune et le choléra financier", résume sur Twitter Serge Vincent, qui se présente comme "acteur" et "syndicaliste" et ne se rendra pas aux urnes pour le second tour le 7 mai.
"Entre deux fascismes, je ne choisis pas. L'un amènera de toute façon l'autre au pouvoir", renchérit Corinne, militante pro-Mélenchon.
Un tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon comptent s'abstenir lors du second tour, d'après un sondage Ifop publié mardi soir.
Leur chef de file, fort de 20% des suffrages au premier tour de l'élection, a refusé d'appeler d'emblée à voter contre Marine Le Pen, annonçant s'en remettre à ses militants avant toute consigne de vote.
Certes, de nombreux politiques de tous bords appellent à barrer la route à la candidate anti-immigration anti-euro au nom d'un "front républicain". Mais l'unité contre Marine Le Pen est bien moins évidente qu'il y a 15 ans, quand son père Jean-Marie, avait été battu à plate couture au second tour face à Jacques Chirac avec moins de 18% des voix.
"Vous, si fiers d'aller dans quinze jours faire barrage au Front National, ne vous rendez pas compte que vous êtes son fidèle allié. Vous n'avez aucun reproche à nous faire, aucune consigne à nous donner", fait valoir Olivier Tonneau, chercheur à l'université de Cambridge et "militant de gauche", dans un billet publié sur le site d'informations en ligne Mediapart.
'J'y crois plus'
La consigne de vote pro-Macron lancée par le champion déchu de la droite François Fillon se heurte elle à des résistances. D'autant que le conservateur n'a cessé d'attaquer le jeune centriste avant le premier tour en le présentant comme l'héritier de l'impopulaire président socialiste sortant François Hollande.
Plus d'un quart de ses partisans (27%) comptent s'abstenir ou voter blanc, écoeurés par sa défaite, selon le sondage Ifop: parti favori dans une course jugée "imperdable", il a chuté sur des soupçons d'emplois fictifs présumés au profit de sa famille.
Parmi les rétifs, le mouvement catholique conservateur Sens commun, grand soutien du candidat de droite qui promettait de porter haut ses valeurs familiales - après un quinquennat socialiste marqué par la légalisation du mariage gay.
"Comment choisir entre le chaos porté par Marine Le Pen et le pourrissement politique d'Emmanuel Macron?", estimait dimanche le président de Sens commun, Christophe Billan.
"Jamais je ne voterai Macron au second tour. Je pense qu'une abstention massive au second tour est vraiment préférable", tranche "Vilainjaloux", un lecteur du "Figaro" sur un forum du quotidien de droite.
"Entre celle qui veut sortir de l'Europe et celui qui nous propose une Europe à la Juncker avec ses délocalisations vers des pays à 600 euros/mois (...), le vote blanc me semble la bonne solution", s'indigne en écho "CYP92", un autre commentateur.
Francis Fauchère, un commerçant de gros au marché de Rungis, en banlieue parisienne, compte pour sa part gonfler les rangs des abstentionnistes qui se disent dégoûtés par la politique française.
"J'y crois plus", lâche-t-il après avoir croisé Marine Le Pen sur le marché. "C'est comme tous les candidats: on les voit tous les cinq ans, ils promettent tous la même chose!"
Pour l'heure, les sondages prédisent un taux d'abstention de 27% au scrutin du 7 mai, et une victoire d'Emmanuel Macron (61%) contre Marine Le Pen (39%).
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