Difficile pour le visiteur de la cathédrale de Rouen (Seine-Maritime) de se l'imaginer mais c'est tout un chantier qui se trouve suspendu au-dessus du choeur de l'édifice. La "base vie", la cabane de chantier, des travaux de restauration de la flèche, est en effet suspendu à 68 mètres de hauteur.
Un mikado d'échafaudage
"C'est une vraie prouesse technique pour un échafaudeur, assure Jean-Baptiste Spinicci de Tubesca-Comabi, en charge de l'installation des échelles. La flèche fait 80 mètres, c'est la plus haute pour une cathédrale en France, et l'ouvrage doit traverser 7 ans de chantier sans se dégrader dans le temps. Surtout, on est dans des zones très confinées, et sur un ouvrage qui est visité tout le long de l'année. Et il y a eu à peu près 300 tonnes de matériel qui ont dû être montées dans des délais courts."
Surtout, "tout est supporté par des plateformes en fer qui sont reprises à l'intérieur de la tour, car aucun appui n'est possible sur le toit des nefs et de la croisée", précise Jean-Baptiste Mathieu, directeur des travaux pour Lanfry, entreprise qui collabore à l'installation. Plusieurs mois d'études ont été nécessaires avant de se lancer dans ce "mikado d'échafaudages". Après un an de chantier, 85 des 154 mètres de hauteur de la flèche de la tour Lanterne ont été franchis.
Grand décapage de la fonte
Abrités par de grandes bâches, les artisans ont donc pu commencer leur mission: le grand lifting de la flèche en fonte. "Aucune évacuation d'eau n'était prévue jusqu'alors et la ferraille partait en millefeuilles, raconte Jean-Baptiste Mathieu. Certaines parties ont même disparu."
À la naissance de la flèche, à 67 mètres au-dessus du sol, il présente le résultat des premiers tests. Après un décapage, différentes couches de peintures - une trentaine de tonnes seront en tout nécessaires - ont été posées pour imperméabiliser le métal et l'éclaircir.
"Il faudra également remplacer certaines pièces en fonte, avec des recréations de moule pour représenter à l'identique les parties architecturales de la flèche, et changer des boulons et écrous", précise Jean-Baptiste Spinicci. Au fur et à mesure, "nous interviendrons tous les ans pour reposer les échafaudages sur les lieux de travaux", précise le directeur de travaux.
La pierre aussi fragilisée par le temps
Un travail à la fois de fourmi et de titan, qui réserve aussi sa part de surprises. "D'en bas, on n'a pas l'impression que l'édifice est malade mais quand on a le nez dessus, on découvre qu'il y a des pièces manquantes ou fragilisées, avance Jean-Baptiste Mathieu. D'ailleurs, au fur et à mesure que l'on a monté les échafaudages, on a fait des purges pour enlever des pierres qui tombent ou se décrochent à la main."
Au-delà des sept années prévues pour la restauration de la flèche, l'échafaudage pourrait donc bien rester en place plus longtemps. "Le diagnostic de pierre permettra de relever l'ensemble des pathologies pour éventuellement lancer dans les années futures un nouvel appel d'offres qui permettrait de restaurer les quatre faces de la tour Lanterne", explique Jean-Baptiste Spinicci.
Ce n'est donc peut-être pas en 2022 que les visiteurs pourront de nouveaux accéder à la tour et profiter de son point de vue plongeant sur les toits de Rouen, fermée depuis 2011 pour des raisons de sécurité. Financé par la DRAC - la cathédrale étant le dernier monument d'État de la ville - ce chantier estimé à près de 15 millions d'euros pourrait donc jouer les prolongations.
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