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A Mossoul, une clinique pour les blessés fuyant les jihadistes

Non loin du front à Mossoul et dans le fracas des explosions, des volontaires s'activent dans une clinique de fortune à soigner les civils blessés lors des combats dans le dernier grand fief jihadiste d'Irak.

A Mossoul, une clinique pour les blessés fuyant les jihadistes
Des femmes et enfants irakiens font la queue devant une clinique mobile à Mossoul-Ouest, le 25 avril 2017 - CHRISTOPHE SIMON [AFP]

Des dizaines de blessés sont transportés tous les jours dans cette clinique établie par une ONG irakienne il y a une semaine au coeur de Mossoul-Ouest, dans le quartier de Mossoul al-Jadida repris au groupe extrémiste État islamique (EI) par les troupes gouvernementales.

Mahmoud Moussa, 34 ans, en fait partie.

Il a été blessé au visage en fuyant son quartier de Tenek que les forces de la police fédérale ont reconquis mardi après une semaine de combats acharnés contre les jihadistes.

"J'ai été blessé en fuyant le quartier", raconte-t-il à l'AFP, alors que résonne le bruit des explosions et que des hélicoptères survolent le secteur.

"Heureusement qu'aucun autre membre de ma famille n'a été blessé. Ils sont partis avant moi et m'attendent pour que l'on soit transféré dans un camp" de déplacés, au sud de Mossoul, deuxième ville du pays, que les troupes irakiennes cherchent à reprendre totalement.

Appuyées par les Etats-Unis, ces troupes ont repris plusieurs quartiers de Mossoul-Ouest depuis février et acculent les jihadistes dans la vieille ville, où habitent des centaines de milliers de personnes. Elles avaient repris en janvier les quartiers est de cette cité conquise par l'EI en juin 2014.

'Rien à manger'

Ceux qui ont réussi à prendre la fuite des secteurs jihadistes et à parvenir à la clinique d'Al-Chabkhoune racontent leur peur quotidienne et des conditions de vie très dures.

"Les gens n'ont plus rien à manger. Même l'eau est devenue rare", dit Moussa. "Ils (les jihadistes) nous ont utilisé comme boucliers humains et tuaient quiconque tentait de sortir".

Dans les quartiers "libérés" de Mossoul-Ouest, les forces irakiennes déployées aux multiples barrages routiers vérifient les identités pour s'assurer que les jihadistes ne se faufilent pas parmi les civils en fuite.

Les habitants sont transférés dans des camps de déplacés en attendant que leurs quartiers soient complètement nettoyés des jihadistes. Puis ils y retournent.

"Le nombre de victimes civiles augmente car Daech (ndlr: l'EI) cible les civils et les utilisent comme boucliers", affirme un officier en charge d'un hôpital de campagne militaire.

"Daech utilise également des armes chimiques, ils viennent de lancer du chlore contre des positions militaires", dit l'officier en pointant du doigt deux tentes montées à proximité et destinées selon lui à la décontamination.

Pas suffisamment de médecins

Pour Aziz Myassar, un médecin au centre médical d'Al-Chabkhoune, il est urgent d'établir d'autres cliniques près des lignes de front pour faire face au nombre croissant de blessés civils.

"Nous avons ouvert ce centre il y a une semaine. Il est considéré comme l'un des plus proches des lignes du front", ajoute-t-il.

Le centre reçoit "chaque jour des dizaines de cas" de civils touchés par les tirs de l'EI, selon lui.

Il a été créé avec des fonds de l'organisation Iraqi Health Access Organisation qui y a également envoyé une équipe médicale de plus de 40 personnes.

L'un des médecins est Ahmad Waël, un résident de Mossoul-Est qui fait tous les jours deux heures et demie de route pour se rendre dans la partie occidentale de la ville, et autant pour rentrer chez lui.

"Je n'ai pas d'autres choix. Je veux aider les gens et il n'y a pas beaucoup de docteurs à Mossoul-Ouest", dit-il.

Il se remémore la vie comme docteur à Mossoul-Est du temps des jihadistes. "Nous travaillions sous la menace. Les médecins n'étaient pas autorisés à traiter des femmes malades sauf en cas d'urgence et, même là, un membre de la Hisba (la police religieuse de l'EI) devait être présent".

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