Le Congrès doit pourtant adopter impérativement un budget avant vendredi prochain, le 28 avril à minuit.
C'est la date au-delà de laquelle l'Etat fédéral américain n'est plus financé. Aux Etats-Unis, les administrations ne peuvent légalement fonctionner si le Congrès, gardien des cordons de la bourse, ne leur a pas voté de crédits de fonctionnements.
L'an dernier, alors que Barack Obama était encore président, les parlementaires avaient fixé ce rendez-vous intermédiaire au lieu de financer l'année budgétaire 2017 entière, jusqu'au 30 septembre, afin de pouvoir intégrer les priorités de Donald Trump en cours d'année.
Parmi ces priorités, le mur anti-clandestins qu'il s'est engagé à construire à la frontière avec le Mexique.
Le président républicain a demandé 1,4 milliard de dollars pour lancer le chantier mais l'opposition démocrate en fait un casus belli: elle fera obstruction, comme elle en a le pouvoir, si des fonds étaient inclus dans la prochaine loi budgétaire. Au risque de provoquer un "shutdown", une paralysie des administrations, comme en octobre 2013, quand des centaines de milliers de fonctionnaires avaient dû rester chez eux pendant plus de deux semaines (sauf les services essentiels de sécurité, etc.).
Un bras de fer vu mille fois au Congrès recommence donc, les démocrates espérant arracher une victoire symbolique contre le président républicain, déjà affaibli par l'échec du projet d'abrogation d'"Obamacare" en mars.
Pression de Trump
En fait, majorité républicaine et opposition démocrate négocient ensemble depuis des semaines et les discussions étaient constructives, les chefs républicains ayant accepté de repousser à plus tard la question du financement du mur mexicain.
Mais c'était sans compter sur Donald Trump, qui exige de ses alliés parlementaires le déblocage de fonds pour son mur avant d'atteindre symboliquement les 100 jours de mandat, samedi. Son directeur du Budget a même évoqué la semaine dernière une sorte de chantage en proposant aux démocrates de financer "Obamacare"... en échange du mur.
Accentuant la pression, le président républicain a tweeté lundi que la muraille était "un outil très important pour empêcher l'arrivée de drogues dans notre pays et l'empoisonnement de notre jeunesse (et tant d'autres) !"
"Les négociations se passaient très bien jusqu'à ce que quelqu'un vienne semer la pagaille", a regretté lundi Chuck Schumer, le chef de file des sénateurs démocrates, qui estime que son camp n'a rien à perdre à être intransigeant.
Au Sénat, l'appui d'une majorité qualifiée d'élus, et donc d'une partie du groupe démocrate, est en effet indispensable en vertu des règles de fonctionnement de l'institution. L'opposition a la main haute.
'Absolument pas'
Si aucun accord n'était trouvé avant vendredi soir, l'administration fédérale fermera. Les chefs du Congrès ont certifié que cela n'arriverait en aucun cas mais la Maison Blanche, lundi, a refusé de certifier quoi que ce soit.
"Nous sommes certains qu'ils comprennent les priorités du président et qu'un accord sera trouvé avant vendredi soir", a seulement déclaré le porte-parole du président, Sean Spicer.
Si le président américain voulait aller au clash, il serait isolé ou presque dans son camp, encore traumatisé par la paralysie de 2013, que les Américains avaient mise sur le dos du parti républicain.
Quand un parti contrôle tout le pouvoir américain, exécutif et législatif, il lui est difficile de blâmer la minorité pour les dysfonctionnements gouvernementaux.
"Nous ne pouvons absolument pas flirter avec l'idée d'une paralysie", dit le sénateur républicain Dan Sullivan.
La solution pourrait consister à botter en touche temporairement, en adoptant une loi budgétaire temporaire de quelques jours, afin de continuer les pourparlers. Les élus sont revenus lundi soir de vacances de printemps, et devraient en dire plus sur leur stratégie mardi.
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