Jack Jones et Marcel Williams, condamnés de façon distincte dans les années 1990 pour viol et meurtre, ont chacun reçu une injection létale, a annoncé Leslie Rutledge, la procureure générale de cet Etat du sud du pays.
Leurs avocats ont bataillé devant les tribunaux jusqu'aux ultimes minutes, avant de voir leurs derniers recours judiciaires rejetés.
Le décès des deux hommes s'inscrit dans un calendrier très controversé d'exécutions accélérées en Arkansas, en raison de la proche péremption d'une substance utilisée dans les injections mortelles.
Jones, 52 ans, et Williams, 46 ans, sont les deuxième et troisième détenus mis à mort en avril dans cet Etat qui avait initialement prévu d'exécuter huit prisonniers en 11 jours.
Mais ce programme d'exécutions précipitées a été la cible de multiples assignations en justice et d'une mobilisation internationale des opposants à la peine de mort.
Cette bataille judiciaire s'est pour l'heure soldée par la suspension de quatre des exécutions prévues, une cinquième ayant été elle pratiquée jeudi.
Outre les deux exécutions réalisées ce lundi, une dernière est prévue le 27 avril.
Le dernier Etat américain à avoir exécuté deux détenus en un jour est le Texas, le 9 août 2000.
Juste après la mort de Jack Jones lundi soir, les avocats de Marcel Williams ont lancé un ultime appel en justice, affirmant que cette première exécution ne s'était pas bien déroulée.
Les agents pénitentiaires ont d'abord selon eux échoué à poser un cathéter central au niveau du cou de Jones, étant forcé de se rabattre sur la pose de deux voies veineuses périphériques sur les bras du détenu.
Niveau d'inconscience controversé
Six à sept minutes après l'injection du premier produit censé plonger dans une profonde inconscience le prisonnier, celui-ci "remuait ses lèvres et luttait pour respirer", ont-ils écrit dans leur recours.
La juge fédérale Kristine Baker a alors pris une injonction de suspension temporaire de la deuxième exécution prévue, le temps d'examiner la validité de ces arguments.
L'Etat a de son côté dénoncé des affirmations "complètement infondées" en assurant que la première exécution s'était déroulée dans les règles.
Une fois l'injonction levée, Marcel Williams a été mis à mort tandis que des militants contre la peine capitale tenaient une veillée funèbre à l'extérieur de la prison.
L'Arkansas a beau avoir vu naître et servi de tremplin à l'ancien président démocrate Bill Clinton, l'Etat s'est ancré ces dernières années dans le camp républicain.
Reste qu'en annonçant fin février son intention de procéder à huit exécutions en onze jours --un rythme inédit dans l'histoire américaine-- le gouverneur conservateur Asa Hutchinson a déclenché une vive polémique.
Ce projet d'exécutions "à la chaîne" a été dénoncé par l'Union européenne, Amnesty International, Human Rights Watch ou encore par le maître du roman noir John Grisham, natif de l'Arkansas.
Substance létale critiquée
Les défenseurs des condamnés affirmaient qu'une double exécution ne pouvait qu'engendrer un stress dangereux chez les agents pénitentiaires chargés de l'acte, ceux-ci étant de surcroît non préparés.
Avant jeudi, l'Arkansas n'avait procédé à aucune exécution depuis 2005.
Les injections létales sont composées de trois produits administrés l'un après l'autre. Celui qui arrive à expiration le 30 avril, le midazolam, est un anxiolytique accusé de ne pas plonger suffisamment dans l'inconscience le condamné, entraînant pour lui un risque de grave douleur.
Jack Jones avait violé et tué une femme de 34 ans, Mary Phillips, et quasiment battu à mort sa petite fille.
Le mari de la victime, James Phillips, avait confié qu'il ne serait pas perturbé de voir expirer le meurtrier de son épouse.
"Cela fait presque 22 ans que j'attends que justice soit rendue. C'est tout ce que je demande", avait-il déclaré à THV11, une chaîne télévisée du réseau CBS.
Marcel Williams a lui aussi violé et étranglé une mère de famille, Stacy Errickson, qui était âgée de 22 ans.
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