Officiellement, il est hors de question de donner l'impression de négociations d'appareil, alors que M. Macron les a clairement bannies depuis des semaines après une unique alliance avec le MoDem de François Bayrou.
"Nous ne sollicitons rien, nous ne discutons avec personne", martèle-t-on à l'unisson lundi dans l'entourage de l'ancien ministre de l'Économie.
Mais en coulisses, les lignes bougent: opposé à Marine Le Pen, le candidat d'En Marche! accumule les soutiens de tous bords, à commencer par celui du président sortant, François Hollande, et prépare l'après, à savoir la construction de sa majorité.
"Une majorité, c'est comme une gestation, le jour de l'accouchement, c'est la présidentielle", c'est "toute une maïeutique", résume un cadre haut placé du parti.
Dès dimanche soir, après être arrivé en tête du premier tour avec 23,86% des voix, M. Macron a lancé un appel au "rassemblement de tous les progressistes".
"Je ne demanderai pas à ceux qui me rejoignent d'où ils viennent mais s'ils sont d'accord" avec le projet, a-t-il ajouté, posant ainsi les jalons d'une large ouverture de "la droite tendance Juppé-Raffarin", dixit un rallié droite, à la gauche sociale-libérale.
L'objectif est de ne pas reproduire "le travail inachevé en 2002, qui a consisté à ne pas vouloir reconnaître que face au Front national, il fallait construire une union plus large", avait prévenu M. Macron début avril.
Il s'agit aussi pour l'ancien ministre de l'Économie d'écarter tout scénario noir de cohabitation, ou de majorité instable, en ratant les élections législatives.
Lundi, M. Macron et son équipe ont observé la tectonique des plaques, notamment chez Les Républicains, dont seulement un parlementaire (le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, le 15 mars) a pour l'heure officiellement posé ses bagages à En Marche!. M. Macron, dont le premier cercle est issu de la gauche, lorgne désormais à droite, fidèle à sa volonté de "pluralisme".
"Je pense qu'Emmanuel Macron discute avec beaucoup de gens; il lui manque la droite progressiste sinon il devient le néo-PS", confirme ainsi un député UDI.
"Et il ne faudrait pas que les élections législatives fassent définitivement pencher la balance à gauche", abonde en écho un autre parlementaire centriste.
A droite toute
Dans cette optique, une liste de "parlementaires LR bienveillants" a été établie, selon un élu soutien de M. Macron qui pense toutefois que la droite "va se serrer les coudes jusqu'aux législatives". "La plupart des députés sont gênés car ils ont peur de perdre leur investiture et il y a des freins psychologiques importants à basculer à En Marche!", note-t-il encore.
Mais l'entourage de M. Macron relève aussi quelques signes encourageants, nés des fractures de la droite.
"Je remarque qu'Édouard Philippe a fait un tweet dimanche soir disant qu'il voulait aider Emmanuel Macron", glisse ainsi un cadre d'En Marche!. Le maire du Havre, proche d'Alain Juppé, a également co-signé lundi une tribune d'élus mettant en garde leur "famille" contre le "rétrécissement de la droite sur une ligne politique exclusivement identitaire et conservatrice".
A gauche, les contacts sont plus directs, à l'image du Parti radical de gauche qui a proposé à M. Macron "de bâtir avec lui une coalition large de gouvernement", ou de l'Union des démocrates et écologistes (UDE) qui entend "définir une offre de service pour la constitution d'une nouvelle majorité".
L'ancien Premier ministre Manuel Valls n'a pas non plus fait de détour lundi matin. "Gouverner la France, c'est difficile et donc il faut rassembler (...) et c'est pour ça que nous devons être prêts à le soutenir, à l'aider, à participer à cette majorité", a-t-il lancé sur France Inter
"Je lui dis, attention vous avez, tu as, une responsabilité majeure, mais je crois qu'il le sait, de rassembler pour demain gouverner", a-t-il insisté.
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