Le général Mattis, qui arrivait en terrain connu pour avoir commandé les troupes américaines au Moyen-Orient (dont l'Afghanistan) de 2010 à 2013, n'a pas annoncé de nouveaux déploiements, demandés par le patron du contingent américain à Kaboul, le général John Nicholson.
Le général Nicholson avait estimé en février devant le Congrès à Washington qu'il faudrait "quelques milliers" d'hommes supplémentaires pour venir à bout de l'insurrection islamiste et des différents groupes qui la conduisent.
Le secrétaire d'Etat américain à la Défense a atterri moins d'une heure après l'annonce de la démission du ministre de la Défense Abdullah Habibi et du chef d'Etat-major de l'armée afghane le général Qadam Shah Shahim.
Tous deux sont accusés de négligence après l'assaut d'un commando d'une dizaine de talibans portant des uniformes des forces spéciales afghanes, vendredi, contre une des plus grandes bases militaires du pays près de Mazar-è-Charif (nord). L'attaque a laissé plus de 150 morts, principalement de jeunes recrues.
"Ces gens ne sont pas des musulmans, ce sont des criminels, des animaux", a estimé le général Mattis, promettant de "continuer à soutenir les Afghans épaule contre épaule pour l'avenir de ce pays".
Un porte-parole de la base attaquée, Nasrat Jamshid, a confié à l'AFP qu'une "dizaine de personnes, membres des forces armées, sont interrogées en tant que suspects". Cette annonce confirme les soupçons et accusations de complicité avec les talibans au sein même de la base, formulés dès samedi par certains rescapés.
Selon une source de sécurité, quatre membres du commando étaient des "anciens de la base" et tous étaient munis de laissez-passer en règle.
marines dans le Helmand
Le président Ashraf Ghani a annoncé lundi le limogeage de quatre généraux de corps d'armée, sans autre détail.
Il s'agit des premières sanctions après le double fiasco de Mazar et de l'hôpital militaire de Kaboul: début mars, l'assaut revendiqué par l'EI contre le principal hôpital militaire du pays avait fait des dizaines de morts.
Dans ce contexte troublé, le général Mattis a rencontré le président Ghani, en présence du chef des renseignements afghans et du conseiller du président pour la sécurité nationale, Hanif Atmar.
Les Etats-Unis comptent 8.400 hommes stationnés dans le pays et conduisent, en marge de l'Opération Resolute Support d'appui aux troupes afghanes, des frappes aériennes contre des positions d'Al-Qaïda, des talibans et du groupe Etat islamique (EI).
Depuis le retrait de la majorité des forces occidentales fin 2014, l'armée afghane est confrontée à un regain d'activité des insurgés islamistes qui enfoncent ses lignes: plus d'un tiers du territoire national échappe au contrôle du gouvernement et de nombreuses régions sont âprement disputées par les différentes parties.
Un contingent de 300 Marines doit incessamment rejoindre une base au coeur du Helmand (sud), la province du pavot déjà aux trois-quarts sous contrôle des talibans qui s'apprêtent à lancer leur offensive de printemps.
méga-bombe
La visite du général Mattis intervient onze jours après que les forces américaines ont largué la plus puissante de leurs bombes conventionnelles contre un réseau de tunnels et de grottes utilisé par l'EI dans l'Est du pays, faisant 96 morts dans les rangs jihadistes.
Pour le général Nicholson, "cette bombe constituait un message très clair à l'EI: s'ils viennent ici, ils seront détruits". "Nous continuerons ainsi jusqu'à la défaite de l'EI", a-t-il prévenu, "ils n'ont pas leur place ici".
Le Conseiller américain à la sécurité nationale, le général H.R. McMaster, avait été le 16 avril le premier responsable de l'administration Trump à faire escale en Afghanistan, où les Etats-unis sont engagés dans le plus long conflit de leur histoire.
Lundi après-mdi une voiture-suicide devant une base de l'armée afghane opérée avec les Américains dans le sud-est, à Khost, a tué quatre soldats afghans et en a blessé six autres.
Depuis le début de sa tournée, le chef du Pentagone a déjà fait escale chez les principaux alliés des Etats-Unis au Moyen Orient ainsi qu'à Djibouti.
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