Avec un score de 20% environ selon les estimations, l'ancien Premier ministre arrive troisième, sèchement battu par Emmanuel Macron (23-24%) et Marine Le Pen (21,7% environ) ne dépassant Jean-Luc Mélenchon (un peu plus de 19%) que de très peu.
"Cette défaite est la mienne", a reconnu M. Fillon, "j'en prends toute la responsabilité (...) "malgré tous mes efforts et ma détermination, je n'ai pas réussi à vous convaincre"", a-t-il déclaré à son QG dimanche soir.
"J'appelle à voter pour Emmanuel Macron" car "l'abstention n'est pas dans mes gènes", a-t-il ajouté, alors que quelques cris de déception - ou de surprise - fusaient dans le public. M. Fillon était visiblement très ému, presque au bord des larmes, une attitude rare chez cet homme peu expansif, voire austère.
Plusieurs responsables de droite lui ont emboîté le pas, rejoignant ainsi la totalité des ténors socialistes. Christian Estrosi, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur élu lors des régionales de 2015 grâce aux voix de gauche, a appelé à voter pour l'ex-ministre de l'Economie. Idem pour la député LR Nathalie Kosciusko-Morizet, ainsi qu'Alain Juppé, le maire de Bordeaux, qui veut barrer la route à "une extrême droite qui conduirait la France au désastre".
Maurice Leroy, porte-parole des Centristes (UDI), a aussi appelé à voter Macron. François Baroin, président LR des maires de France, votera également Macron "à titre personnel", tout comme Jean-François Copé, qui le fera "la mort dans l'âme".
A priori, ce devrait être la fin de la vie politique de l'ancien chef de gouvernement qui sort de l'arène par la toute petite porte. Il s'est toutefois gardé de dire qu'il quittait la vie politique, le "23 avril" de la droite se distinguant ainsi du "21 avril" socialiste, quand Lionel Jospin, battu au premier tour de la présidentielle de 2002, avait annoncé son retrait définitif.
"Restez unis"
Elu pour la première fois en 1981, le député de Paris était pourtant promis à la plus haute magistrature, après sa victoire surprise à la primaire de la droite en novembre dernier.
Mais les "révélations" sur son train de vie - emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, costumes de luxe offerts par un ami - et la mise en examen notamment pour détournement de fonds publics qui en a découlé, ont broyé ses espérances.
Jusqu'au bout M. Fillon aura voulu y croire. "Cette élection, je la gagnerai", répétait-il. Même au plus fort des difficultés judiciaires, il n'avait pas voulu céder sa place de candidat.
Se targuant du soutien de dizaines de milliers de personnes au Trocadéro le 5 mars, M. Fillon avait écarté tout "plan B", comme le lui demandaient certains de son camp, désireux de le remplacer par Alain Juppé.
Il revient aujourd'hui à son camp de se mettre en ordre de marche pour les législatives de juin. "Ne vous dispersez pas, restez unis et déterminés" pour cette échéance, a lancé M. Fillon à ses troupes.
Qui conduira la campagne des législatives de la droite? Des candidats LR, déboussolés, seront-ils tentés de rejoindre le camp Macron, à l'instar de plusieurs anciens ministres de droite, notamment chiraquiens, qui ont fait la campagne du vainqueur du premier tour?
Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, a convoqué lundi à 10H30 un Comité politique, en présence notamment de Gérard Larcher, président du Sénat. Suivra, à 17H00, un bureau politique de LR. Objectif: amorcer une stratégie pour les échéances de juin.
François Fillon sorti du jeu, il n'y a plus de chef. La place de leader de LR risque d'être très disputée, probablement entre M. Baroin et Laurent Wauquiez, vice-président du parti, aux convictions plus marquées à droite.
Quant à l'ancien président Nicolas Sarkozy, il pourrait s'exprimer dans les prochains jours, selon son entourage.
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