Contrastant avec les affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre lors des précédents défilés, les mobilisations à Caracas, Maracaibo, Barquisimeto ou encore San Cristobal se sont déroulées sans incident majeur.
Seuls quelques heurts ont brièvement eu lieu dans l'est de Caracas, quand la police a repoussé des manifestants avec des grenades de gaz lacrymogène.
Pour la première fois depuis le début de la vague de manifestations, le 1er avril, les adversaires de Maduro ont pu traverser la capitale dont plusieurs bastions chavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013), jusqu'à parvenir au siège de la conférence épiscopale dans l'ouest de la ville, sans être bloqués par la police.
"Le Venezuela veut la paix!" criaient un groupe de manifestants, dont beaucoup étaient vêtus de t-shirts blancs avec le mot "paix" en lettres noires, de casquettes aux couleurs du drapeau.
Certains portaient des fleurs blanches. D'autres s'étaient carrément bâillonné la bouche avec un foulard rouge.
Le silence était parfois interrompu par l'hymne vénézuélien, quelqu'un récitant un chapelet ou des applaudissements en hommage aux "tombés" pendant ces 21 jours de protestations.
Le visage triste, une femme s'était peinte sur le visage des larmes aux couleurs nationales (jaune, bleu et rouge).
'Le moment de résister'
Dans tout le pays, les partisans de l'opposition étaient appelés à rejoindre les sièges de l'épiscopat. Le gouvernement accuse l'Eglise d'être un "acteur politique" au côté de l'opposition, qui exige le départ de Maduro avant la fin de son mandat en décembre 2018.
A Caracas, un prêtre et un pasteur évangélique ont présidé une messe au haut-parleur pour les manifestants, depuis un autel improvisé à l'arrière d'une camionnette.
"Nous allons continuer à descendre dans la rue. Ce n'est pas le moment d'abandonner, c'est le moment de résister", a lancé à la foule l'un des dirigeants de l'opposition, Henrique Capriles, ancien candidat à l'élection présidentielle.
"Si tous les Vénézuéliens nous nous unissons, il n'y aura pas de dirigeant corrompu pouvant arrêter la force de chacun d'entre nous", a-t-il ajouté.
L'étincelle ayant déclenché la vague de manifestations, quasi-quotidiennes depuis début avril, est la décision de la Cour suprême de s'arroger les pouvoirs du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition depuis fin 2015.
L'opposition a dénoncé une tentative de "coup d'Etat" et l'indignation diplomatique a forcé l'autorité judiciaire à faire marche arrière 48 heures plus tard.
Ces mobilisations ont souvent dégénéré en heurts, pillages, échanges de gaz lacrymogènes et cocktails Molotov entre manifestants et forces de l'ordre.
Gouvernement et opposition s'accusent mutuellement de cette spirale de violence qui a fait 20 morts et des centaines de blessés en trois semaines. Plus de 600 personnes ont été arrêtées, selon l'ONG Foro Penal.
'Rien à perdre'
Mais cela ne décourage pas les antichavistes, qui prévoient lundi un "blocage national" des routes.
"Je marche sans peur", confiait samedi l'une de ces protestataires, Jéssica Muchacho, 33 ans, car "nous n'avons rien à perdre, le gouvernement nous a tout pris, toute possibilité d'avoir une vie digne".
Dans ce pays pétrolier qui a sombré économiquement avec la chute des cours du brut, la majorité des aliments et médicaments manquent. Lassés, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ de Nicolas Maduro, selon un sondage Venebarometro.
"Le pays n'a plus un seul os en bonne santé. Les gens vont continuer à manifester" malgré la répression, prédit le sociologue Francisco Coello.
"Le gouvernement doit se retirer, il doit écouter le peuple, le peuple ne veut plus de communisme ni de révolution, ni rien de ce qui nous a amené tant de souffrance", a témoigné à l'AFP Rosibel Torres, avocate venue manifester.
Dans cette bataille, l'opposition a retrouvé une image d'unité, un soutien populaire et des alliés à l'international exerçant une pression sur Caracas.
Onze pays latino-américains et les Etats-Unis ont plaidé pour des élections permettant de sortir de la crise. L'Union européenne a condamné la violence.
La précédente vague de manifestations ayant secoué le pays en 2014 avait fait 43 morts, selon le bilan officiel.
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