Hermétiquement protégée des regards des curieux et longtemps enrobée d'une aura mystérieuse, sa résidence de Paisley Park était au coeur des festivités, payantes, avec des concerts, tables rondes et une grande soirée prévue au rythme funk de l'auteur de "Purple Rain".
Le grand-père du funk, George Clinton, 75 ans, avait donné le coup d'envoi jeudi avec un concert aux hommages organisés tout au long du weekend sous la bannière "Celebration".
Les ponts, stades et autres monuments emblématiques de Minneapolis doivent se teinter de violet jusqu'à dimanche en la mémoire de son "fils prodige", qui vivait encore malgré son immense succès dans sa ville natale du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis.
"Prince et ses talents extraordinaires ont incarné une ère musicale et fait connaître le Minnesota au monde" entier, a déclaré le gouverneur de l'Etat, Mark Dayton, en annonçant que le 21 avril marquerait désormais le "Jour de Prince".
Colombes
"Je suis une grande fan de Prince --je l'ai toujours été et je le serai toujours", a confié Crystal Meadows, 35 ans, venue de la banlieue. "Je voulais répandre de l'amour et donner aux gens quelque chose à laisser", a-t-elle ajouté, en distribuant des papiers en forme de colombes, allusion au titre "When Doves Cry" de 1984, et en leur suggérant de les accrocher aux clôtures de la résidence.
Wanda Soso, 45 ans, a voyagé depuis la Californie pour tourner la page. "C'est une perte majeure dans ma vie. J'avais juste besoin d'être là, autour de la famille +violette+".
Derrière les festivités plane toutefois l'ombre des querelles surgies après sa mort soudaine à 57 ans, d'une overdose accidentelle de puissants médicaments antidouleurs. La star n'a laissé ni testament, ni enfants, mais des dizaines d'héritiers potentiels se sont rapidement fait connaître.
Un juge vient d'ordonner la suspension temporaire d'un mini-album (EP) de six titres, "Deliverance", qui devait sortir le 21 avril. C'est un ingénieur du son ayant travaillé avec Prince, George Boxill, qui avait prévu de commercialiser ces morceaux enregistrés entre 2006 et 2008.
En sortant cet EP sur un label indépendant et promettant que la plupart des revenus iraient au patrimoine de la star, George Boxill estime avoir respecté la volonté de l'artiste-interprète qui s'était érigé en pourfendeur des grandes maisons de disques. Mais les administrateurs de ses biens ne veulent rien entendre, accusant l'ingénieur du son de vouloir s'enrichir.
Au coeur de cette dispute, des revenus potentiellement très juteux. Les ventes de Prince ont explosé après sa mort: c'est l'artiste qui a vendu le plus de disques en 2016, tous albums confondus, selon la société Nielsen Music, avec 2,23 millions d'albums aux Etats-Unis, devant la Britannique Adele et ses 2,21 millions de disques pour "25".
Héritiers gourmands?
Dénonçant une industrie du disque toute puissante, Prince avait choisi dans les années 1990 de troquer son nom contre un symbole imprononçable et d'écrire "esclave" sur sa joue pour protester contre le contrat qui le liait à la société Warner.
Depuis sa mort, ses frères et soeurs qui gèrent son patrimoine se sont associés à Warner pour rééditer son album mythique de 1984, "Purple Rain", ainsi qu'un disque de titres inédits autour de la date de son anniversaire, le 7 juin.
Et alors que Prince avait choisi de ne diffuser sa musique en ligne --et une partie seulement-- que sur la plateforme Tidal du rappeur Jay Z, ses titres sont depuis février accessibles sur la plupart des sites de streaming.
Les proches de Prince se défendent d'être trop gourmands. Ils assurent avoir besoin de revenus pour entretenir les biens de Prince et payer les impôts, maintenant que le chanteur n'est plus là pour faire des tournées et sortir des nouveautés.
Prônant une vie saine, Prince ne buvait pas, préférait suivre un régime végétarien et ne tolérait pas que ses musiciens se droguent. Mais il luttait en secret contre son addiction aux antidouleurs, déclenchée par une opération à la hanche.
Quelques jours seulement avant sa mort, il avait appelé un médecin à l'aide. Des documents judiciaires dévoilés cette semaine ont révélé qu'il s'était fait prescrire de puissants analgésiques en empruntant le nom de certains amis.
"La vie est juste une fête, et les fêtes ne sont pas censées durer", pouvait-on lire sur un mur vendredi. "Bonne nuit, doux Prince".
Outre Prince, de nombreux grands musiciens se sont éteints en 2016, comme George Michael, Leonard Cohen et David Bowie, dont le célèbre titre "Heroes" avait été repris par Prince lors de son dernier soir sur scène.
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