Le message d'apaisement n'a pas été acté dans un communiqué mais a été délivré par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, dont le pays exerce cette année la présidence tournante du G20.
"Le protectionnisme serait néfaste pour l'économie mondiale et les économies concernées. Il y avait un large consensus" sur cette question au cours de la réunion, a assuré le ministre lors d'une conférence de presse.
Assis à ses côtés, le président de la Bundesbank s'est montré légèrement moins catégorique. "Ce que je retiens de la réunion c'est que beaucoup de participants ont souligné l'impact négatif de barrières commerciales", a assuré Jens Weidmann.
Selon M. Schäuble, les discussions entre les ministres des Finances des 20 plus grands pays émergents et industrialisés ont même débouché sur "un consensus général autour de l'idée que le libre-échange est meilleur pour l'économie mondiale et meilleur pour chaque pays".
Le gouverneur de la Banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan a ainsi appelé dans un communiqué à "résister conjointement au protectionnisme" et à accélérer "la libéralisation du commerce mondial".
Normalisation?
Cette unanimité tranche avec la dernière réunion du G20-Finances en mars à Baden-Baden, en Allemagne, où les divisions entre les Etats-Unis et leurs partenaires avaient éclaté au grand jour.
L'administration Trump, qui menace d'élever des barrières commerciales et dénonce le libre-échange, avait alors obtenu d'expurger le communiqué final du traditionnel appel à lutter contre le protectionnisme.
Un mois plus tard, l'heure est semble-t-il à l'apaisement.
Le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin a toutefois prévenu que les Etats-Unis se tenaient prêts "à combattre vigoureusement les mauvaises pratiques commerciales", tout en se disant favorable à "une expansion du commerce" avec les pays jouant le jeu.
Lors de son intervention devant l'organe de direction du FMI, M. Mnuchin a préféré attirer l'attention sur les "déséquilibres au sein de l'économie mondiale", s'en prenant notamment aux pays accumulant des "excédents budgétaires importants" sans citer explicitement l'Allemagne ou la Chine.
Après avoir pris des positions incendiaires sur le commerce, l'administration Trump serait-elle en train de rentrer dans le rang, comme elle semble le faire sur le front diplomatique et militaire?
Selon le ministre français des Finances, les Etats-Unis se distinguent surtout par une "absence de position" sur des sujets cruciaux pour l'économie mondiale.
"La position américaine, qui était l'objet central de la dernière réunion du G20, n'est plus un sujet. On se résigne à ne pas savoir et on continue à avancer", a taclé Michel Sapin dans un entretien à l'AFP.
"D'un certain point de vue, c'est rassurant. Cela signifie que l'administration américaine réfléchit à élaborer des positions qui ne soient pas la seule mise en oeuvre d'expressions caricaturales", a-t-il affirmé.
Les potentiels sujets de friction restent toutefois nombreux.
L'administration Trump doute de la réalité du changement climatique et menace de sortir de l'accord de Paris sur les émissions de gaz à effet de serre, au grand dam de la communauté internationale.
"Le consensus scientifique sur le changement climatique n'a pas changé avec une quelconque élection", a estimé le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim en référence à l'arrivée au pouvoir du républicain Donald Trump.
L'administration américaine a par ailleurs promis de se débarrasser des garde-fous mis en place aux Etats-Unis après la crise de 2008, au risque, selon le FMI, de se priver des moyens d'éviter une nouvelle tempête financière.
Présidentielle française
L'élection présidentielle en France, dont le premier tour a lieu dimanche, s'est elle aussi invitée dans les débats sur fond de crainte d'une percée de candidats opposés à la construction européenne, dont Marine Le Pen.
Sortant de son habituelle réserve, la patronne du FMI Christine Lagarde a assuré qu'une victoire de la présidente du Front national risquerait de provoquer un "désordre majeur" et une "dislocation" de l'Union européenne.
M. Schäuble a lui assuré avoir une "pleine confiance dans l'esprit républicain des Français, au moins au second tour".
A l'automne, les élections générales en Allemagne pourraient également être porteuses d'incertitudes. "Il y a des risques notables", a commenté vendredi le chef du département européen du FMI, Poul Thomsen.
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