Le collectif Pou la Gwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle), qui coordonne le mouvement social, a salué mercredi soir "des avancées significatives" dans le projet d'accord que le gouvernement lui a fait parvenir la veille et qu'il a analysé toute la journée avec l'aide d'experts.
Mais il a souhaité apporter quelques modifications au texte, dont il a renvoyé une nouvelle version. Il a décidé de maintenir les barrages qui paralysent le territoire "jusqu'à la signature" d'un accord, et a demandé à la population de mettre "un dernier coup de collier" avec une opération "ville morte".
Le collectif qui porte des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone, décrit cette journée "ville morte" comme le "dernier uppercut" pour "clôturer cette phase" de mobilisation.
"Les poids-lourds ne passeront pas" et les magasins seront fermés, a précisé Davy Rimane, porte-parole du collectif. Un meeting est prévu à 20H00, place des Palmistes à Cayenne, haut lieu de la contestation. Pour M. Rimane, le mouvement est "à l'orée d'une signature possible", à quelques jours de la présidentielle, prévue samedi en Guyane.
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a salué mercredi la reprise du dialogue et invité le collectif à lever les barrages "le plus rapidement".
De son côté, le préfet de Guyane Martin Jaeger a affirmé à la presse que le texte était "dès ce (mercredi) soir" soumis à signatures. "J'estime que maintenant nous devons passer à une phase de mise en oeuvre des accords" et que "nous puissions revenir à la normale", a-t-il insisté.
"Qu'il se rassure, on accueille ce document de façon positive, il y a quelques modifications à porter pour le finaliser", a répondu M. Rimane.
Divergences au sein du collectif
Renforcement des moyens pour lutter contre l'insécurité, désenclavement de toutes les communes de Guyane, dont certaines sont inaccessibles par la route et n'ont ni eau potable, ni électricité, reconnaissance des peuples autochtones, amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante... les manifestants réclament au total plus de 3 milliards d'euros à l'État, alors que celui-ci a mis sur la table un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros.
Parmi les éléments "positifs" de la proposition d'accord de l'exécutif, le gouvernement "légitime les 2,1 milliards" supplémentaires réclamés par le collectif, alors que le Premier ministre Bernard Cazeneuve avait d'abord parlé de revendications "irréalistes", a relevé Davy Rimane.
Mais le gouvernement veut intégrer ces mesures supplémentaires dans un futur "plan de convergence" (prévu par la récente loi égalité réelle outre-mer), ce que ne souhaite pas le collectif.
M. Rimane a également salué "le fait que l'État a acté le fait qu'il n'y aurait aucune poursuite judiciaire, pénale et financière envers les participants au mouvement", alors que des contrôles de police ont été menés sur les barrages après des plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".
S'il n'était "pas hostile" à ce que d'éventuelles plaintes de l'administration n'aboutissent pas, le préfet a affirmé que la justice était indépendante et qu'il ne donnait "pas d'ordre au procureur".
Après plusieurs semaines de tensions grandissantes dans la population, partagée sur l'opportunité de poursuivre les barrages qui pénalisent l'économie, le collectif a envoyé dimanche au gouvernement une proposition de protocole d'accord, "complétée et actualisée par rapport à la version proposée par le gouvernement le 2 avril". Ce dernier a renvoyé mardi une contre-proposition.
Les divergences se sont accentuées également au sein du collectif. Mardi soir, le leader charismatique du mouvement, Mikael Mancée, a quitté le collectif à la surprise générale, après la décision de renforcer les barrages pour maintenir la pression sur l'exécutif, expliquant ne plus se reconnaître dans les méthodes employées.
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