La jeune femme n'avait en poche qu'un BEP lorsqu'elle a signé en 2013 ce contrat aidé s'adressant aux 16-25 ans peu ou pas qualifiés, principalement dans le secteur non marchand, et incluant un projet de formation
Comme des centaines de jeunes du Val d'Oise, c'est par la mission locale de Deuil-la-Barre qu'elle s'est vu proposer un emploi d'agent de soin dans un établissement pour personnes âgées. "Un boulot à part entière. J'étais payée, ma formation l'était aussi", raconte fièrement Asma qui, seule, n'aurait pu financer l'école d'aide soignante "trop chère".
Grâce à son diplôme, elle a obtenu un CDD à l'hôpital Georges Pompidou à Paris, qui débouchera sur un CDI.
"Les emplois d'avenir, ça vous met sur des rails; sinon trouver un travail classique, une formation, c'est compliqué", surtout dans un département où le marché est "tendu" abonde Ilham Harrach, 25 ans, qui était au collège avec Asma.
Ilham, elle, avait un bac pro de secrétariat. Mais "il y a trop de temps partiel" dans ce métier, et elle voulait un temps plein.
"Coup de bol", la mission lui propose un travail dans un institut pour jeunes déficients intellectuels, par lequel elle empoche son diplôme d'éducatrice.
"On m'a donné un atelier à gérer, ça m'a responsabilisée. Je rentrais chez moi avec les mêmes questionnements qu'un salarié classique, sans me demander +est-ce que demain je vais bosser ?+", fait valoir Ilham.
Assis à côté, Trésor Kaminda, 27 ans, témoigne de son soulagement: après des années à enchaîner des CDD ultra-courts dans la restauration, lui qui a quitté le système éducatif en 3e et ne "trouvait pas de patron pour l'apprentissage", est maintenant agent de restauration dans un hôpital. Dans un an, il deviendra fonctionnaire et pourra enfin habiter sans "coloc".
Quand on leur parle d'apprentissage, que certains candidats opposent aux contrats aidés en terme d'efficacité, Ilham et Asma lèvent les yeux au ciel. "C'est retourner à l'école ! On veut être de vrais salariés, pas des stagiaires !" argue Asma, désormais mariée et "installée" à Suresnes.
'Pas mal de pertes'
Les emplois d'avenir "ont tout de suite correspondu à une partie de la population sans qualification", explique Jean-Yves Hamonou, directeur de la mission locale Seine-Oise où 450 contrats "EA" ont été signés.
"On entend bien que ça coûte cher, que ça ne peut s'inscrire dans la durée. Mais compte tenu du contexte, c'était une excellente idée", analyse-t-il.
Le fait que les missions locales en aient été les gestionnaires exclusifs leur a donné "une visibilité" auprès des entreprises. "On ne nous voyait que sur un public très en difficulté", poursuit Jean-Yves Hamonou. "Or ce public a beaucoup évolué en dix ans, avec des jeunes sans difficulté sociale ou personnelle mais qui n'ont tout simplement pas accès au marché du travail".
Si la mesure est "une réussite", il concède néanmoins que, dans certains secteurs, elle a pu faire "un peu" de concurrence à l'apprentissage, dont les taux d'insertion sont plus élevés. "Asma et Ilham auraient peut-être pu faire la même chose en apprentissage... mais c'est moins intéressant en termes de salaires et, pour les entreprises, de prise en charge".
Fin 2016, plus de 325.000 emplois d'avenir avaient été signés et selon la Dares, 51% des jeunes entrés début 2013 avaient un travail six mois après la fin de leur contrat.
"Il y a pas mal de pertes... peut-être pourrait-on trouver un autre moyen de les envoyer en formation avec un salaire", se demande Asma. Elle qui a voté Hollande en 2012 estime qu'"à part pour les jeunes, "il a fait n'importe quoi" et aujourd'hui, elle a "arrêté de suivre" la politique.
Aux yeux d'Ilham, "Hollande a apporté à beaucoup de jeunes". Comme en 2012, elle est plutôt séduite par Jean-Luc Mélenchon.
Trésor trouve qu'il serait "dommage que le prochain président supprime les emplois d'avenir". Mais il "n'est pas très politique".
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