"Aux très hautes autorités d'arrêter de jouer les poules mouillées et d'imposer des règles. (...) Et rappelons que la meilleure pression vient des consommateurs, capables de refuser d'acheter des produits non vertueux", interpelle la rédactrice en chef du magazine Sylvie Metzelard dans son éditorial, évoquant les risques de ces substances pour le développement et la fertilité.
L'association de consommateurs a fait analyser par un laboratoire indépendant une mèche de cheveux d'un panel de 43 enfants et adolescents de 10 à 15 ans, habitant "sur tout le territoire" français, tant en ville qu'en milieu rural, pour y rechercher 254 substances "répertoriées comme des perturbateurs endocriniens potentiels ou avérés".
Les résultats, publiés dans son magazine en kiosques ce jeudi, montrent que des polluants ont été détectés dans les cheveux de tous les jeunes participants: 23 à 54 molécules ont été retrouvées selon les enfants (34 en moyenne).
Des résultats qui "suggèrent fortement" que les petits Français sont "tous contaminés", s'alarme le magazine.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances présentes dans de nombreux produits du quotidien (cosmétiques, jouets, peintures, contenants alimentaires...), qui perturbent le système hormonal et peuvent générer maladies et anomalies.
Parmi les sept grandes familles de polluants recherchées, des phtalates et des pesticides étaient présents dans tous les échantillons analysés, tandis que bisphénols, PCB, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), métaux lourds et retardateurs de flamme bromés (PBDE) ont été retrouvés chez une partie des enfants.
Le bisphénol A, PE avéré, n'a été retrouvé que dans 20% des échantillons, preuve de "l'efficacité" de son interdiction en France dans tous les contenant alimentaires depuis 2015, selon 60 millions de consommateurs.
En revanche, le bisphénol S, utilisé en substitution, était présent dans 98% des échantillons, une "mauvaise nouvelle" pour l'association, car il est "fortement suspecté" d'avoir les mêmes effets sur la santé que son prédécesseur.
60 Millions pointe aussi la présence chez plus de 70% des enfants de HAP, des substances issues de la combustion classées PE potentiels et, pour certaines, cancérigènes possibles.
Autre point inquiétant, la persistance dans les analyses de PCB, retrouvés chez tous les enfants sauf un, alors qu'ils sont interdits en France depuis... 1987.
En février, l'ONG Générations Futures avait mené un test semblable sur sept personnalités écologistes, montrant que leurs cheveux renfermaient tous de nombreux PE (de 36 à 68 par personne).
Santé publique France avait mis en évidence en décembre la présence de traces de PE chez quasiment toutes les femmes enceintes dans un panel de plus de 4.000 personnes.
L'Union européenne peine actuellement à se mettre d'accord sur une définition des PE qui permettrait de prendre des mesures réglementaires pour limiter leur impact sur la santé.
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