Des établis, des outils plus ou moins compliqués accrochés au mur et des dizaines de roues de vélo suspendues au plafond. On pourrait se croire dans l'atelier d'un savant fou mais nous sommes bien dans un atelier de réparation de bicyclettes en tous genres. Et la particularité des lieux, en l'occurrence l'atelier de l'association Guidoline, c'est que c'est monsieur et madame "Tout le monde" qui viennent mettre la main à la pâte pour réparer leurs propres affaires endommagées.
C'est une pratique qui se démocratise partout dans l'Hexagone depuis quelques années. Avec l'arrivée de l'obsolescence programmée et sa connaissance par le grand public, les consommateurs ont commencé à chercher des moyens d'accroître la durée de vie de leurs objets plutôt que de les remplacer par du neuf. C'est ainsi que les fablabs ont connu leur moment de gloire, proposant à leurs visiteurs et utilisateurs de fabriquer des petites pièces introuvables ou très chères grâce à des imprimantes 3D.
Pratique et économique
À Rouen (Seine-Maritime), c'est sur cet état d'esprit que surfent plusieurs associations qui militent pour une deuxième vie pour les objets. Chez Guidoline, on donne "une deuxième vie aux vélos que les gens veulent réparer et à ceux que l'on récupère dans les déchetteries", décrit Timothée Franque. Mais la notion d'apprentissage y est surtout très forte car, si tout le matériel est à disposition, "il faut mettre les mains dans le cambouis pour faire les choses soi-même".
Pour Timothée, c'est "une bonne solution économique pour acheter un vélo ou entretenir le sien pour pas cher". Pour les plus débutants, deux permanents et des bénévoles sont toujours sur place pour donner des conseils. De la jante que Benoit tente de sauver aux poignées que Steve refixe, toutes les pièces se voient offrir une deuxième vie.
Une démarche politique et citoyenne
Donner une seconde chance aux objets, c'est aussi un des credo du Café couture. À moitié espace de travail et à moitié café associatif, cet espace propose des cours de travaux d'aiguilles pour les débutants comme les confirmés. Pour Chloé, habituée de l'association devenue bénévole, "c'est un point de repère pour les gens intéressés par l'économie sociale et solidaire".
Du tricot à la couture, on y confectionne et rafistole toutes sortes de vêtements et d'accessoires. Mais pour Chloé, c'est surtout le point de départ d'un nouveau mode de vie: "Je sais que je dépense moins depuis que je fabrique et répare mes vêtements moi-même. Je veux changer mon mode de consommation et une fois qu'on met le pied dedans, c'est comme un engrenage et on ne s'arrête pas."
Un engrenage
Ces lieux de vie et de partage de connaissances attirent beaucoup de monde. Une visibilité qui peut intéresser des commerçants qui souhaitent accueillir des ateliers délocalisés comme ceux que propose l'association Zéro Déchets. "On n'a pas encore eu de demande particulière à ce sujet mais c'est quelque chose que l'on pourrait faire, confie Mourad Lacene, le gérant de L'Usine, un nouvel espace de coworking rouennais. Le principe de ces ateliers nous intéresse, alors pourquoi pas?"
Comme toute pratique, "l'upcycling" comporte son lot de contraintes. Par exemple, Chloé admet passer beaucoup de temps à trier et tenter de donner une nouvelle vie à ses objets. "Ça peut être frustrant parce qu'on a envie de faire énormément de choses mais on n'a pas toujours le temps ou les compétences", confie celle qui arbore des boucles d'oreilles fabriquées à partir de vinyles cassés. Mais c'est au final bien peu à côté "de la fierté de fabriquer ses affaires soi-même à partir de vieilles choses".
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