Pour les Monégasques, il s'agira de rester froidement concentré. L'avantage pris à Dortmund est conséquent. Le club peut atteindre le dernier carré de la compétition pour la quatrième fois de son histoire, et une élimination serait une mauvaise surprise.
Mais quelle équipe rencontrera le leader du Championnat de France ? Une troupe de jeunes hommes ébranlés par les explosions qui ont pris leur bus pour cible mardi dernier, faisant deux blessés dont le défenseur Marc Bartra ? Ou une équipe soudée dans l'épreuve, et surmotivée pour venir arracher au mauvais sort une qualification pour les demi-finales ?
Alors que les auteurs de l'attentat courent toujours et que la police ne semble privilégier aucune piste, les joueurs de Dortmund avancent jour après jour dans leur travail de gestion du traumatisme, avec l'aide de psychologues pour certains.
"Nous devons évacuer ce qui s'est passé, a dit lundi à Monaco l'entraîneur Thomas Tuchel. Nous abordons ce match pleinement concentrés. Je suis sûr que tout ce qui s'est passé la semaine dernière nous a rapprochés et nous a rendus encore plus forts."
Dès samedi en championnat, l'émotion s'est transformée en énergie positive, avec une belle victoire 3-1 devant Francfort. Mais, après le match on a vu des joueurs pleurer lors de l'hommage, vibrant il est vrai, que leur a rendu le célèbre "Mur Jaune", la tribune populaire aux 24.000 fans debout.
Reus le 'grand frère'
Pour ce défi monégasque, Dortmund sera évidemment privé de Bartra, tout juste sorti de l'hôpital, mais pourra compter sur le retour sur la scène européenne de son attaquant Marco Reus, qui avait cruellement fait défaut au match aller.
L'international, blessé depuis début mars, a fait une excellente rentrée samedi en marquant le premier but d'une talonnade d'anthologie. Et Tuchel l'a ménagé en le remplaçant à la mi-temps.
"Lorsque Marco est sur le terrain, les autres joueurs ont une attitude différente, et plus de confiance en eux", constate Tuchel.
Reus, un joueur expérimenté de 27 ans, qui n'était pas dans le bus au moment de l'attaque, a endossé un rôle de "grand frère" dans le vestiaire: "Mon but est d'aider les jeunes joueurs de notre effectif. Je leur ai demandé si en parlant, je pouvais apporter mon soutien."
"Nous sommes une vraie équipe, un vrai groupe, a-t-il assuré. Nous voulons le démontrer demain. Un tel événement peut nous rapprocher et nous donner encore plus d'énergie."
En face, le coach monégasque Leonardo Jardim s'appuiera sur son infernal quatuor offensif au complet, Bernardo Silva et Thomas Lemar pour créer des brèches, Radamel Falcao et le gamin en or Kylian Mbappé pour les exploiter.
En revanche, le technicien portugais doit encore se passer d'un élément de son autre quatuor, celui de la récupération du ballon, formé par les deux défenseurs centraux et les deux milieux défensifs. Cette fois, le précieux Fabinho, qui avait raté son premier penalty à l'aller après 17 réussis, fera défaut (suspension).
Dans le petit stade Louis-II (18.500 places), les 3.000 supporters de Dortmund attendus ont l'intention de se faire entendre. L'ambiance, pour une fois, promet d'être amicale: les supporters monégasques se sont attirés le respect à Dortmund en acclamant le Borussia après l'attentat, et ceux qui sont restés pour assister au match -décalé au lendemain- avaient été hébergés par des fans allemands.
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