Les barrages avaient été ouverts jeudi soir, pour permettre à la population de souffler après un mois de conflit social.
Mais le collectif, qui porte des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone, veut "faire pression sur le gouvernement" à quelques jours de la présidentielle -prévue samedi en Guyane- et a choisi de les refermer lundi soir à 22H00.
Objectif: obtenir plus rapidement de l'exécutif qu'il valide un protocole d'accord envoyé par le collectif au chef de l'Etat et à la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts.
Ce protocole d'accord doit permettre de "suspendre le mouvement sous sa forme actuelle", a précisé devant la presse Valérie Vanoukia, représentante des très petites entreprises de Guyane.
"Le dialogue a repris", a-t-elle expliqué, se déclarant "très confiante pour dire que le mouvement sera suspendu dans les deux ou trois jours à venir".
Le texte "acte" le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement et propose de rouvrir le dialogue sur les 2 milliards" d'euros supplémentaires que réclamaient jusqu'à présent les manifestants.
Longtemps point d'achoppement des discussions, le collectif estime désormais que "sur les 2 milliards, nous pouvons discuter", "ce ne sont qu'une pompe d'amorçage", a ajouté Mme Vanoukia.
Les protestataires demandent également "la rétrocession totale du foncier", selon un communiqué du collectif, et posent deux points "non négociables".
"Le gouvernement doit acter le fait que le peuple guyanais veut se prendre en main", a indiqué Mme Vanoukia. Cela signifie qu'il demande "l'ouverture d'une consultation citoyenne" sur l'avenir institutionnel de la Guyane, précise le communiqué.
Et l'exécutif doit aussi garantir qu'aucun manifestant ayant participé au mouvement ne sera sanctionné, en référence aux contrôles de police ordonnés depuis vendredi par la justice sur les barrages, à la suite de plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".
Une proposition très applaudie lundi soir lors de la présentation de la décision, devant 500 personnes, au rond-point de la Crique-Fouillée, à Cayenne.
"Comme au Brésil"
Pour Alphonse Achille, 65 ans, il n'aurait pas fallu faire de pause dans la mobilisation. "Quel que soit ce qui peut advenir, il faut continuer. Bloquer la population lui permet de s'impliquer", a-t-il affirmé.
"Si nous ne faisons rien, nous allons nous retrouver comme en Afrique ou au Brésil, avec une élite retranchée derrière des barbelés", juge Olivia, professeur agrégée de 40 ans, considérant que face à la situation "indécente" de l'hôpital de Cayenne, "à ce stade là, on n'a plus rien à perdre".
Mais d'autres étaient plus partagés, comme Mario Behari-Laul-Sirder, 61 ans: "Si ça ferme, je suis pour, car je suis pour la solidarité et le peuple en a besoin, mais si ça ouvre, je suis pour aussi car j'ai une famille".
La décision était loin de faire l'unanimité sur les réseaux sociaux: "On continue à se tirer une balle dans le pied", "le gouvernement n'a rien fait pendant 5 ans, il ne fera rien quand il est sur le point d'être éjecter", dénonçaient plusieurs internautes sur la page Facebook du collectif.
La présence de la présidente de la FTPE (Fédération des très petites entreprises) de Guyane, devant les médias alors qu'elle n'est pas porte-parole du mouvement, était une réponse à ceux, de plus en plus nombreux chez les entrepreneurs, réclamant la fin du blocage qui pénalise l'activité économique.
Elle a assuré que le combat prendrait ensuite d'autres formes, invitant notamment la population à "préparer un ensemble de plaintes contre l'Etat, par rapport à santé, l'éducation, le non-développement économique, le foncier".
Un premier appel à porter plainte, après l'utilisation de gaz lacrymogène contre la population lors d'une manifestation devant la préfecture, a été lancé pour mardi après-midi.
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