"Les forces armées nationales bolivariennes (...) ratifient leur loyauté inconditionnelle envers monsieur le président", a assuré le chef des armées et ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, lors d'un rassemblement de milliers de membres de la milice civile, organisé en présence de M. Maduro, face au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas.
M. Maduro est un "président véritablement chaviste (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013) que les forces armées admirent profondément", a affirmé le général Padrino Lopez, balayant ainsi les fissures apparues ces dernières semaines dans le clan présidentiel, avec notamment de dures critiques formulées par la procureure générale de la Nation.
Coiffé d'une casquette militaire, Nicolas Maduro a remercié pour cette marque de confiance de l'armée : "La loyauté se paie avec de la loyauté", a-t-il lancé face aux miliciens qui l'ovationnaient.
Cette force civile armée, créée par M. Chavez en 2010, compterait 500.000 membres aujourd'hui.
Peu avant, le chef de l'Etat avait annoncé le déploiement de soldats dans tout le pays, en amont d'une nouvelle manifestation d'opposants le 19 avril - mercredi - date anniversaire de la révolution de 1810 qui a conduit à l'indépendance du Venezuela.
C'est aussi la date choisie par l'opposition, majoritaire au Parlement et portée par le mécontentement populaire, pour appeler à "la mère de toutes les manifestations" afin d'exiger des élections anticipées. Le gouvernement appelle pour le même jour à "la marche des marches", laissant craindre de nouvelles échauffourées.
Depuis début avril, une vague de manifestations antichavistes, émaillées de violents heurts avec la police ayant fait cinq morts et des centaines de blessés, est organisée à travers le Venezuela dans le but de mobiliser la population, étranglée par la crise économique de ce pays pétrolier ruiné par la chute des cours du brut.
"Fini le temps des traîtres, des trahisons, fini le temps des hésitations, que chacun se définisse: on est avec la patrie ou on est contre elle", a lancé Nicolas Maduro.
Loyauté 'achetée'?
L'opposition promet, elle, que la manifestation de mercredi sera "le début de la fin" pour le chavisme, qu'elle souhaite voir éjecté du pouvoir, unique moyen, selon elle, de sortir de la crise politique et économique.
Cette vague de manifestations a été déclenchée, le 1er avril, par la décision du Tribunal suprême, réputé proche de Maduro, de s'arroger les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussé à faire machine arrière 48 heures plus tard.
L'opposition crie à la tentative de coup d'Etat mais le chef des armées l'a accusée lundi de s'appuyer sur des groupes d'"extrême droite" pour mener un "programme criminel" qui inclut "des actes terroristes, des émeutes, des pillages, du vandalisme et diverses formes de violence".
L'armée au Venezuela - 165.000 hommes et 25.000 réservistes - est un acteur crucial du rapport de force politique, comme le reflète son poids au sein du gouvernement: sur 32 ministères, 11 sont dirigés par des militaires ou d'anciens militaires.
L'opposition l'accuse d'être l'unique soutien assurant le maintien au pouvoir du chavisme.
"Chavez avait intégré les militaires dans la gestion du gouvernement et la tendance s'est approfondie avec Maduro", explique à l'AFP l'analyste Luis Vicente León.
L'armée contrôle la production et la distribution d'aliments de première nécessité, actuellement frappés par une grave pénurie, mais aussi une société pétrolière, une télévision, une banque, une usine d'assemblage automobile et une entreprise de construction.
Pour l'analyste Benigno Alarcon, le gouvernement socialiste, très impopulaire, a ainsi "acheté la loyauté" des militaires, lui permettant de garder le pouvoir "par la force".
La précédente vague de manifestations ayant secoué le Venezuela en 2014 avait fait 43 morts, selon le bilan officiel.
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