Une assemblée générale du collectif, qui rassemble élus, associations, syndicats et socio-professionnels, doit notamment déterminer dans l'après-midi si les barrages routiers, ouverts pour permettre à la population de profiter du week-end, vont se refermer.
Une décision qui pourrait avoir des conséquences judiciaires, depuis que la justice a ordonné des contrôles de police sur les barrages, après des plaintes déposées par des particuliers pour "entrave à la circulation".
Car la population est divisée sur l'opportunité de poursuivre ce blocage qui paralyse la Guyane et pénalise l'activité économique.
Au sein du collectif également, des divergences sont apparues, les socio-professionnels réclamant la levée des blocages pour "faire perdurer l'esprit du 28 mars", journée de mobilisation historique en Guyane, et "sauver les emplois".
Selon le préfet, plus de 500 entreprises guyanaises ont déjà demandé des mesures de chômage partiel à cause du mouvement social.
Seule certitude, le rond-point proche du centre spatial de Kourou, où s'effectuent les lancements de la fusée Ariane, restera fermé, a assuré Mikael Mancée, porte-parole du collectif.
Le PDG d'Arianespace s'est plaint vendredi de "plusieurs millions d'euros de surcoûts" à la suite de trois "campagnes de lancement interrompues" depuis le début du mouvement social, et a fait part de ses craintes pour la pérennité des "9.000 emplois" que génère l'activité spatiale en Guyane.
"On n'est pas dupes", a répondu Mikael Mancée. "On sait que s'ils le veulent, ils peuvent lancer la fusée. Mais on leur suggère fortement de ne pas nous faire un nouvel affront", a-t-il menacé, évoquant le centre spatial comme un "moyen de pression" vis-à-vis du gouvernement, pour permettre à la Guyane de rattraper son retard sur l'Hexagone.
campagne perturbée
Renforcement des moyens pour lutter contre l'insécurité, désenclavement de toutes les communes de Guyane, dont certaines sont inaccessibles par la route et n'ont ni eau potable, ni électricité, reconnaissance des peuples autochtones, amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante... les manifestants réclament au total plus de 3 milliards d'euros à l'Etat, alors que celui-ci a mis sur la table un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros.
A la veille de l'élection présidentielle, le gouvernement a refusé de s'engager davantage sur "des mesures et des aides financières d'un montant irréaliste".
Selon M. Mancée, "quel que soit le gouvernement qui sera là (après la présidentielle, ndlr), ce qu'on demande, il va être obligé de nous le donner".
Depuis un appel à la "grève générale illimitée" le 25 mars, qui bloque notamment le port de Cayenne où transitent 90 à 95% des importations et exportations" de la Guyane, le territoire souffre d'une pénurie dans les commerces, notamment de produits frais, et de difficultés d'approvisionnement de médicaments et de matériel médical.
Au Grand port de Cayenne, un navire transportant 80 containers de marchandises a été déchargé samedi, après 320 jeudi dernier, sur réquisition du préfet. Ce dernier a également autorisé exceptionnellement les poids-lourds à circuler durant le week-end pascal.
Mais les conséquences de la grève sont plus larges: services administratifs fermés, liaisons aériennes aléatoires, absence de courrier, campagne électorale perturbée.
La "situation de tension préoccupante" que connaissent les hôpitaux et cliniques de Guyane, a également incité l'Agence régionale de santé à demander aux établissement hospitaliers de déclencher leurs "plans blancs" (dispositif de mise en alerte).
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